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mais c’est notre commandant, c’est le major Dunwoodie qui doit décider de son sort.

— Dunwoodie ! s’écria Frances dont l’espérance fit disparaître la pâleur ; Dieu soit loué ! en ce cas Henry n’a rien à craindre.

Lawton la regarda avec un air d’admiration et de pitié et secouant la tête : — Je le désire, dit-il ; mais avec votre permission, nous attendrons sa décision.

Les craintes de Frances pour son frère étaient sûrement diminuées, et cependant tout son corps était agité d’un frémissement involontaire. Ses yeux se levaient sur l’officier américain, et se dirigeaient ensuite vers la terre. On aurait dit qu’elle voulait lui faire une question, mais qu’elle n’avait pas le courage de la lui adresser.

Miss Peyton s’avança vers Lawton d’un air de dignité. — Nous pouvons donc nous attendre, Monsieur, lui dit-elle, à voir incessamment le major Dunwoodie ?

— Très-incessamment, répondit le capitaine ; je lui ai déjà dépêché un exprès pour l’informer de ce qui se passait ici, et je ne doute pas qu’il ne soit en route pour s’y rendre, à moins, ajouta-t-il en se tournant vers M. Wharton et en pinçant ses lèvres avec un air de plaisanterie, qu’il n’ait des raisons très-particulières pour croire que sa visite serait désagréable.

— Nous serons toujours charmés de voir le major Dunwoodie, s’empressa de dire M. Wharton.

— Oh ! je n’en doute pas, Monsieur, reprit Lawton, c’est le favori de quiconque le connaît. Mais oserais-je vous prier de vouloir bien faire donner quelques rafraîchissements aux soldats de son régiment que j’ai l’honneur de commander ?

Il y avait dans les manières de cet officier quelque chose qui aurait porté M. Wharton à lui pardonner aisément l’oubli d’une pareille demande ; mais il fut entraîné par le désir qu’il avait de le concilier, et il pensa d’ailleurs qu’il valait mieux accorder de bonne grâce ce qu’on pouvait prendre de vive force. Il fit donc de nécessité vertu, et donna les ordres nécessaires pour qu’on remplît les désirs du capitaine Lawton.

Les officiers furent poliment invités à déjeuner avec la famille, et après avoir pris toutes leurs précautions à l’extérieur, ils acceptèrent volontiers. Le prudent partisan ne négligea aucune des mesures qu’exigeait la situation de son détachement. Il fit même faire des patrouilles sur les montagnes situées à quelque distance,