Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’une place de lieutenant-colonel dans les gardes a bien son mérite.

— Oh ! le colonel Wellmere est un homme parfait ! dit Frances avec un sourire ironique.

— On sait fort bien, ma sœur, répliqua Sara avec un mouvement d’humeur, que le colonel n’a jamais eu le bonheur de vous plaire. Vous le trouvez trop loyal, trop fidèle à son roi.

— Henry l’est-il moins ? demanda Frances avec douceur en prenant la main de son frère.

— Allons, allons, s’écria miss Peyton, point de différence d’opinion sur le colonel : je vous déclare que c’est un de mes favoris.

— Frances aime mieux les majors, dit Henry avec un sourire malin, en attirant sa sœur sur ses genoux.

— Quelle folie ! s’écria Frances en rougissant et en cherchant à lui échapper.

— Ce qui me surprend, continua le capitaine, c’est que Dunwoodie, en délivrant mon père de la captivité, n’ait pas cherché à retenir Frances dans le camp des rebelles.

— Cela aurait pu mettre sa propre liberté en danger, dit Frances avec un sourire malin, en se rasseyant sur sa chaise ; vous savez que c’est pour la liberté que combat le major Dunwoodie.

— La liberté ! répéta Sara, jolie liberté que celle qui donne cinquante maîtres au lieu d’un seul !

— Le privilège de changer de maîtres est du moins une liberté, dit Frances avec un air de bonne humeur.

— Et c’est un privilège dont les dames aiment quelquefois à jouir, ajouta le capitaine.

— Je crois que nous aimons à choisir ceux qui doivent être nos maîtres, dit Frances, toujours sur le ton de la plaisanterie ; n’est-il pas vrai, ma tante ?

— Moi ! s’écria miss Peyton ; et comment le saurai-je, ma chère enfant ! il faut vous adresser à d’autres, si vous voulez vous instruire sur ce sujet.

— Ah ! s’écria Frances en regardant sa tante avec un air espiègle, vous voudriez nous faire croire que vous n’avez jamais été jeune. Mais que faut-il que je pense de tout ce que j’ai entendu dire de la jolie miss Jeannette Peyton ?

— Sornettes, ma chère, sornettes, dit la tante en cherchant à réprimer un sourire ; vous imaginez-vous devoir croire tout, ce que vous entendez dire ?