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— En ce cas, attendez-moi ici dans dix minutes, dit Frances, consolée par l’aveu qu’elle venait de faire et par l’espoir de la sûreté de son frère ; je reviendrai alors prête à prononcer les vœux qui m’attacheront à vous pour toute la vie.

Dunwoodie la pressa un instant contre son cœur, et sortit pour prévenir le ministre des fonctions qu’il allait avoir à remplir.

Miss Peyton apprit de sa nièce cette nouvelle avec beaucoup de surprise, et même avec un peu de mécontentement. C’était violer tous les principes d’ordre et de décorum, que de célébrer un mariage avec tant de précipitation et si peu de cérémonial. Mais Frances lui déclara avec une fermeté modeste que sa résolution était bien prise. Depuis longtemps sa famille avait consenti à cette union, qui n’avait été retardée que d’après son propre désir. Elle venait de donner sa parole à Dunwoodie, et elle la tiendrait. Elle ne pouvait en dire davantage sans se compromettre, car il aurait fallu entrer dans des explications dangereuses pour Birch ou pour Harper, et peut-être pour tous deux. Peu habituée à contester, et étant réellement attachée à son parent Dunwoodie, miss Peyton céda bientôt à la fermeté de sa nièce, et ne fit plus d’objections. M. Wharton était trop complètement converti à la doctrine de l’obéissance passive et de la nécessité de céder aux circonstances, pour résister aux sollicitations d’un officier qui avait autant de crédit que le major dans l’armée des rebelles ; et Frances, accompagnée par son père et sa tante, retourna dans l’appartement qu’elle venait de quitter, à l’expiration du court délai qu’elle avait fixé elle-même. Dunwoodie et le ministre y étaient déjà. Frances, en silence, et sans affectation de réserve, lui remit l’anneau de mariage de sa propre mère, et après quelques instants qu’elle employa pour se placer convenablement, ainsi que M. Wharton, miss Peyton consentit que la cérémonie commençât.

La pendule était précisément en face de Prances et ses yeux se fixèrent bien des fois avec inquiétude sur le cadran. Mais bientôt le langage solennel du ministre attira toute son attention, et son esprit ne fut plus occupé que des vœux qu’elle allait prononcer. La cérémonie fut bientôt terminée et comme le prêtre faisait entendre le dernier mot de la bénédiction, la pendule sonna neuf heures. Le délai demandé par Harper était alors écoulé et Frances crut sentir son cœur soulagé d’un poids accablant.

Dunwoodie la serra dans ses bras, embrassa plusieurs fois miss Peyton, pressa la main de son beau-père et celle du ministre, et