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resterait seul avec son détachement en possession paisible de l’hôtel Flanagan.

Tandis qu’il était sur le seuil de la porte, regardant en silence et encore avec humeur le terrain sur lequel il avait poursuivi le Skinner la nuit précédente, son ouïe toujours fine distingua le bruit d’un cheval au galop sur la route : et l’instant d’après il vit paraître un dragon de sa compagnie, courant avec une rapidité qui annonçait quelque affaire de grande importance. Son cheval était couvert d’écume et de sueur, et le cavalier lui-même ne paraissait pas moins fatigué. Sans prononcer un seul mot, le soldat lui remit une lettre et conduisit sa monture à l’écurie. Lawton reconnut l’écriture de Dunwoodie, et lut sur-le-champ ce qui suit :


« Je suis charmé d’avoir à vous apprendre que Washington vient d’ordonner que toute la famille Wharton soit envoyée au-delà des montagnes. Elle aura la liberté de communiquer avec le capitaine Wharton, qui n’attend que l’arrivée de ses parents pour être mis en jugement, parce qu’ils doivent être entendus. Vous leur ferez part de cet ordre, et je ne doute pas que vous n’y mettiez toute la délicatesse convenable.

« Dès que les Whartons seront partis, vous quitterez les Quatre-Coins pour venir rejoindre votre compagnie. Vous ne tarderez probablement pas à y avoir de l’occupation, car un nouveau détachement de troupes anglaises remonte l’Hudson, et l’on assure que sir Henry Clinton en a donné le commandement à un bon officier. Tous les rapports doivent se faire désormais à l’officier qui commande à Peek-Skill, le colonel Singleton ayant été chargé d’aller présider le conseil de guerre qui va juger le pauvre Henry Wharton. On a reçu de nouveaux ordres pour faire pendre Harvey Birch dès qu’on pourra s’en emparer, mais ils ne sont pas émanés du commandant en chef. Adieu ; faites escorter les dames par un petit détachement, et soyez en selle le plus tôt possible.

« Votre ami,
« Peyton Dunwoodie. »


Cette lettre changea tous les arrangements qui avaient été pris. Il n’existait aucun motif pour transporter le corps d’Isabelle à un poste où son père ne se trouvait plus, et Singleton consentit, quoiqu’un peu à contre-cœur, qu’on lui rendît sur-le-champ les honneurs funèbres. On choisit un endroit retiré et agréable au