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bande. On les plaça ensuite chacun dans un coin de la chambre, et dirigeant le bout d’un mousquet sur leur poitrine, on leur ordonna de répondre catégoriquement aux questions qui leur seraient faites.

— Où est ta balle ? demanda le chef au colporteur.

— Écoutez-moi, répondit Birch tremblant d’émotion : mon père est à l’agonie dans la chambre voisine ; laissez-moi aller recevoir sa bénédiction et lui fermer les yeux, et vous aurez tout oui, tout.

— Réponds à ma question, ou ce mousquet t’enverra tenir compagnie au vieux radoteur. Où est ta balle ?

— Je ne vous dirai rien avant d’avoir vu mon père, dit Harvey avec résolution.

Son persécuteur leva le bras avec un sourire diabolique, et il allait exécuter la menace, quand un de ses compagnons l’arrêta en s’écriant :

— Qu’allez-vous faire ? vous oubliez sûrement la récompense. — Allons, dis-nous où sont tes marchandises, et nous t’enverrons voir ton père.

Harvey leur indiqua où il avait laissé sa balle en fuyant. Un des brigands alla la chercher, et étant bientôt de retour, il la jeta par terre en jurant qu’elle était aussi légère que si elle n’était remplie que de plumes.

— Oui, s’écria le chef, mais il doit y avoir quelque part de l’argent pour prix de ce qu’elle contenait. Donne-nous ton argent, Harvey Birch ; nous savons que tu en as ; car tu ne te soucies pas du papier du congrès.

— Vous ne tenez pas votre parole, dit Harvey d’un air sombre.

— Donne-nous ton argent répéta le chef d’un ton furieux en faisant sentir au colporteur le fer de sa baïonnette, au point que quelques gouttes de sang rougirent ses vêtements. En cet instant un léger mouvement se fit entendre dans la chambre voisine, et Harvey s’écria d’un ton suppliant :

— Laissez-moi, laissez-moi aller voir mon père, et vous aurez tout.

— Je te jure que tu iras le voir ensuite.

— Eh bien ! prenez ce métal maudit, répondit Birch en lui jetant sa bourse qu’il avait eu l’adresse de dérober à leurs yeux en changeant d’habits.

Le brigand la ramassa, et lui dit avec un sourire infernal :