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OU LE TUEUR DE DAIMS.

donna à sa voix un accent de douceur plus qu’ordinaire, de crainte d’offenser Judith.

— Vous n’y avez pas assez réfléchi, Judith. Votre cœur a été trop vivement affecté par tout ce qui vient de se passer ; et, vous imaginant que vous êtes sans parents dans le monde, vous vous pressez trop de chercher quelqu’un pour remplacer ceux que vous avez perdus.

— Si je vivais au milieu d’une foule d’amis, Deerslayer, je penserais comme je le fais, et je tiendrais le même langage, répondit Judith sans se découvrir le visage.

— Je vous en remercie, Judith ; je vous en remercie du fond du cœur ; mais je ne suis pas homme à vouloir profiter d’un moment de faiblesse, quand vous oubliez tous les avantages que vous avez sur moi, et que vous vous figurez que la terre et tout ce qu’elle contient se trouvent dans cette petite pirogue. Non, non, Judith, ce serait manquer de générosité, et je ne puis accepter une telle proposition.

— Vous le pouvez ! s’écria Judith avec impétuosité, et sans songer davantage à se dérober à ses yeux ; vous le pouvez, et sans laisser à aucun de nous le moindre sujet de repentir. Nous pouvons dire aux soldats de laisser sur la route tout ce qui nous appartient, et nous trouverons le moyen de le remporter au château à notre retour, car le lac ne verra plus les ennemis, du moins pendant cette guerre. Il vous sera aisé de vendre vos peaux au fort et d’y acheter le peu de choses qui pourront nous être nécessaires ; car pour moi, une fois que nous en serons partis, je désire n’y retourner de ma vie. Et pour vous prouver, Deerslayer, ajouta-t-elle avec un sourire si attrayant, que le jeune chasseur trouva difficile d’y résister, pour vous prouver que je ne désire rien au monde que de vous appartenir et d’être votre femme, le premier feu que nous ferons au château, quand nous y serons de retour, sera allumé avec la robe de brocart, et alimenté par tout ce que vous jugerez peu convenable à une femme destinée à vivre avec vous.

— Hélas ! vous êtes une créature bien aimable et bien séduisante, Judith, et personne ne le niera, s’il veut dire la vérité. Ces tableaux sont toujours agréables à l’imagination, mais ils peuvent ne pas se réaliser aussi heureusement que vous le pensez. — Oubliez donc tout cela, Judith ; reprenons nos rames pour rejoindre le Serpent et Hist, et n’y songeons pas plus que si rien n’eût été dit sur ce sujet.

Judith se sentit cruellement mortifiée, et, qui plus est, profondément affligée. Mais il y avait dans les manières de Deerslayer une