CHAPITRE XXIX.
C’était une des pratiques ordinaires aux sauvages, en pareilles occasions, de mettre à l’épreuve la fermeté des nerfs de leurs victimes. D’une autre part, l’Indien à la torture se faisait un point d’honneur de ne montrer aucune crainte et de paraître insensible à la douleur ; mais il provoquait la fureur de ses bourreaux à des actes de violence pour se procurer une mort plus prompte. On avait vu plus d’un guerrier accélérer la fin de ses souffrances par des sarcasmes insultants et des reproches injurieux, quand il sentait que son système physique cédait à l’agonie de souffrances inventées avec un raffinement diabolique, porté bien plus loin que tout ce qu’on rapporte des inventions infernales des persécutions religieuses. Cette heureuse ressource d’avoir recours aux passions de ses ennemis pour se dérober à leur férocité était refusée à Deerslayer, par les idées particulières qu’il s’était faites des devoirs d’un homme blanc, et il avait fortement résolu d’endurer toutes les souffrances plutôt que de déshonorer sa couleur.
Dès que les jeunes guerriers apprirent qu’il leur était permis de commencer, quelques-uns des plus hardis et des plus empressés s’avancèrent dans l’arène, leur tomahawk à la main, et se préparèrent à lancer cette arme dangereuse. Leur but devait être de frapper l’arbre le plus près possible de la tête de la victime, mais sans la toucher. C’était une tentative si hasardeuse, qu’on ne la permettait qu’à ceux qui étaient connus pour être les plus experts dans l’art de lancer le tomahawk, de peur qu’une mort trop prompte ne mît fin trop tôt au cruel amusement qu’on se proposait. Même dans les mains les plus sûres, il était rare que le prisonnier échappât sans blessure à cette première épreuve, et il arrivait quelquefois même qu’il était tué, quoique sans intention. En cette occasion, Rivenoak et les vieux chefs craignaient que le souvenir du destin de la Pan-