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OU LE TUEUR DE DAIMS.

avait pas données à l’homme pour qu’il pût vivre à la sueur de son front, la démarche aussi gracieuse qu’aurait pu la rendre un maître à danser ; et de l’autre un homme qui, ayant passé sa vie en plein air, aurait le front aussi rouge que les joues, qui aurait eu à se frayer un chemin à travers les broussailles et les marécages, au point que ses mains seraient devenues aussi dures que les chênes sous lesquels il aurait si souvent dormi, qui aurait suivi la piste du gibier jusqu’à ce que ses pas fussent devenus aussi circonspects que ceux du chat sauvage, et dont les cheveux n’auraient d’autre parfum que celui du grand air et des forêts ; si deux hommes semblables étaient devant vous en ce moment, et vous demandaient votre main, lequel croyez-vous que vous préféreriez ?

Les joues de Judith s’animèrent, car le portrait que son compagnon venait de tracer d’un jeune officier avait été autrefois particulièrement agréable à son imagination, quoique l’expérience et le désappointement eussent changé ses sentiments à cet égard, et leur eussent même donné un cours contraire ; et cette image passagère eut sur elle une influence momentanée ; mais elle la surmonta à l’instant, et le sang abandonna ses joues plus vite qu’il n’y était monté.

— Aussi vrai que Dieu est mon juge, répondit Judith d’un ton solennel, si deux hommes semblables étaient devant moi, comme je puis dire que l’un d’eux s’y trouve, je choisirais le second, ou je connais bien mal mon cœur. Je ne désire pas un mari qui vaille mieux que moi sous aucun rapport.

— Cela est agréable à entendre, et avec le temps cela pourrait induire un jeune homme à oublier son manque de mérite. Quoi qu’il en soit, Judith, vous pouvez à peine penser tout ce que vous dites. Un homme semblable à moi est trop grossier et trop ignorant pour prétendre à une jeune fille qui a eu une telle mère pour l’instruire. Je crois que la vanité est un sentiment naturel, mais une vanité semblable serait contre toute raison.

— En ce cas, vous ne savez pas de quoi le cœur d’une femme est capable. Vous n’êtes pas grossier, Deerslayer, et l’on ne peut appeler ignorant celui qui a aussi bien étudié que vous tous les objets qu’il a sous les yeux. L’affection fait paraître toutes choses sous leurs couleurs les plus agréables, et tout le reste est négligé ou oublié. Quand les rayons du soleil pénètrent dans le cœur, il n’y a plus rien de sombre, et les objets les plus communs prennent un aspect brillant. C’est ce qui aurait lieu entre vous et la femme qui vous aimerait, quand même il arriverait que cette femme eût, sous