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OU LE TUEUR DE DAIMS.

parti battrait l’autre dans une pareille attaque ; car Tom ne manque ni d’armes ni de munitions, et, comme vous pouvez le voir, le château est construit de manière à ne pas craindre les balles.

Deerslayer avait en théorie quelque connaissance de la guerre, telle qu’elle se faisait sur les frontières, quoiqu’il n’eût jamais eu occasion de lever la main contre un de ses semblables. Il vit donc aisément que Hurry n’exagérait pas la force de cette position, sous un point de vue militaire, car il n’aurait pas été facile de l’attaquer sans que les assaillants fussent exposés au feu des assiégés. On avait mis beaucoup d’art dans l’arrangement du bois dont le bâtiment était construit, ce qui assurait aux habitants une protection beaucoup plus grande que celle qu’on trouvait ordinairement dans les maisons construites en bois sur les frontières. Tous les murs étaient formés de troncs de gros pins, coupés à la longueur de neuf pieds, et placés perpendiculairement, au lieu d’être couchés en ligne horizontale, comme c’était l’usage du pays. Ces troncs étaient équarris de trois côtés, et avaient à chaque bout de grands tenons. Des espèces de poutres massives, équarries avec soin, étaient solidement attachées sur le haut des pilotis, et des mortaises de proportion convenable avaient été pratiquées dans leur partie supérieure pour recevoir les tenons du bout inférieur des troncs placés perpendiculairement, et qui, par ce moyen, étaient solidement retenus par le bas. D’autres pièces de bois étaient placées sur le haut des mêmes troncs, dont les tenons entraient dans de semblables mortaises, ce qui achevait de les assurer. Enfin les bois qui formaient les coins du bâtiment étaient assemblés à queue, ce qui lui donnait une solidité à toute épreuve. Les planchers étaient faits de plus petits troncs d’arbres également équarris, et le toit était composé de longues perches fermement attachées ensemble et soigneusement couvertes d’écorces. L’effet de cet arrangement judicieux avait été de donner au vieux Tom une maison dont on ne pouvait approcher que par eau ; dont les murs étaient formés de troncs d’arbres solidement joints ensemble, et ayant partout au moins deux pieds d’épaisseur, et qui ne pouvaient être séparés que par le travail difficile et laborieux de la main de l’homme, ou par suite de la lente opération des efforts du temps. L’extérieur du bâtiment était raboteux et inégal, attendu que tous les troncs d’arbres n’étaient pas de même grosseur, et que le côté non équarri était placé en dehors ; mais l’équarrissage étant complet à l’intérieur, les murs et les planchers offraient toute l’uniformité qu’on pouvait désirer, tant pour la vue que pour l’usage. La cheminée n’était pas la partie la moins