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DEERSLAYER

qu’elle aurait à faire en cas d’alarme ; car il leur semblait imprudent de réveiller les deux individus endormis, si les circonstances ne venaient à l’exiger impérieusement.

— Et maintenant que nous nous entendons, Judith, dit le chasseur en finissant, il est temps que le Serpent et moi nous montions dans la pirogue. À la vérité, l’étoile n’est pas encore levée, mais elle se lèvera bientôt, quoiqu’il soit probable qu’aucun de nous ne la verra cette nuit, à cause des nuages. Après tout, Hist a l’esprit actif, et elle est une de ces personnes qui n’ont pas toujours besoin d’avoir une chose devant elles pour la voir. Je vous garantis qu’elle ne sera ni deux minutes en retard, ni deux pieds trop loin, à moins que ces vagabonds méfiants, les Mingos, n’aient pris l’alarme et placé la jeune fille comme un pigeon bien dressé pour nous attirer dans un piège, ou qu’ils ne l’aient éloignée, afin de la disposer à prendre pour mari un Huron au lieu d’un Mohican.

— Deerslayer, repartit vivement Judith, cette entreprise est très-dangereuse ; pourquoi la tenter, vous ?

— Bah ! — vous savez bien que nous allons enlever Hist, la fiancée du Serpent, — la fille qu’il veut épouser aussitôt que nous serons de retour dans la tribu.

— Cela est très-bien quant à l’Indien ; — mais vous, vous ne voulez pas épouser Hist, — vous n’êtes pas son fiancé ; pourquoi donc courir tous deux risque de la vie et de la liberté, tandis qu’un seul pourrait tout aussi bien exécuter ce projet ?

— Ah ! — je vous comprends maintenant, Judith, — oui, je commence à saisir votre idée. Vous pensez que Hist étant la fiancée du Serpent, comme on dit, et non la mienne, cette affaire ne regarde que lui ; et que, comme un seul homme peut manœuvrer une pirogue, je devrais le laisser courir seul après sa maîtresse ? Mais vous oubliez que tel est l’objet de notre arrivée ici, et qu’il serait honteux d’abandonner un projet précisément quand il offre quelque péril. Et puis, si l’amour est une chose si importante pour quelques individus, et particulièrement pour les jeunes filles, l’amitié compte aussi pour quelque chose chez d’autres. J’ose dire que le Delaware peut manœuvrer une pirogue à lui seul, qu’il peut enlever Hist à lui seul, et que peut-être il aimerait tout autant cela que de m’avoir avec lui ; mais il ne pourrait lui seul inventer des stratagèmes, dresser une embuscade, combattre les sauvages et s’emparer de sa maîtresse en même temps, aussi bien qu’avec l’aide d’un ami sûr, cet ami ne valut-il pas mieux que moi. Non, — non, — Judith, vous n’abandonneriez pas un ami qui compterait sur vous dans un pareil