Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 19, 1842.djvu/249

Cette page a été validée par deux contributeurs.
244
DEERSLAYER

et de Hetty, qui ne voulurent pas se coucher, ne rendit pas cet arrangement moins agréable.

Pendant quelque temps, le scow dériva plutôt qu’il ne fit voile le long du rivage occidental, poussé par un léger courant d’air venant du sud. Il avançait lentement, car il ne faisait pas deux milles par heure ; mais les deux amis s’aperçurent que non-seulement il était chassé vers la pointe où ils désiraient arriver, mais que sa marche était tout aussi rapide que l’exigeaient l’heure et les circonstances. On parla peu pendant ce trajet ; les deux sœurs mêmes gardèrent le silence, et le peu qui fut dit avait pour objet la délivrance de Hist. L’Indien était calme en apparence ; mais, à mesure que les minutes s’écoulaient, son émotion devint de plus en plus vive, et elle s’accrut enfin à un tel point, qu’elle eût satisfait les désirs de la maîtresse la plus exigeante. Deerslayer fit entrer le scow dans les baies, autant que le permettait la prudence, dans le double but de naviguer à l’ombre des bois, et de découvrir tous les indices de campement qui pourraient être aperçus sur le rivage. Ils avaient ainsi doublé une pointe basse, et déjà ils étaient dans la baie à l’extrémité septentrionale de laquelle ils devaient s’arrêter. Ils n’avaient plus qu’un quart de mille à faire, quand Chingachgook s’approcha silencieusement de son ami dont il dirigea l’attention vers un point situé directement devant eux. Un petit feu brillait sur l’extrême lisière des buissons qui couvraient la rive au sud de la pointe ; circonstance qui ne leur permit pas de douter que les Indiens n’eussent soudainement transféré leur camp précisément à la langue de terre où Hist leur avait donné rendez-vous.


CHAPITRE XVI.


Je l’entends gazouiller dans la vallée émaillée de fleurs, et embellie par les rayons du soleil ; mais les chants sont pour moi une histoire d’heures de visions agréables.
Wordsworth.


La découverte mentionnée à la fin du chapitre précédent était d’une grande importance aux yeux de Deerslayer et de son ami. D’abord, il y avait le danger presque certain que Hutter et Hurry ne fissent une nouvelle tentative d’attaque contre ce camp, s’ils ve-