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OU LE TUEUR DE DAIMS.

des nuances comparables à ce que le hasard venait de mettre sous ses yeux. Son enchantement tenait de l’enfantillage, et elle ne voulut pas qu’on continuât l’examen avant qu’elle eût revêtu une robe si peu en harmonie avec sa demeure et ses habitudes. Dans ce but, elle se retira dans sa chambre, et là, exercée comme elle l’était à ce genre d’occupation, elle se fut bientôt dépouillée de sa simple robe de toile, pour se présenter avec l’habillement de brocart à nuances resplendissantes. La robe allait parfaitement à la taille fine et aux formes développées de Judith, et assurément elle n’avait jamais paré aucune femme plus en état, par ses charmes naturels, de faire ressortir les riches couleurs et la finesse du tissu. Quand elle rentra, Deerslayer et Chingachgook, qui avaient employé le temps de sa courte absence à examiner de nouveau l’habillement d’homme, se levèrent tous deux d’un air surpris, en laissant échapper des exclamations d’étonnement et de plaisir, d’une façon si peu équivoque, qu’elles donnèrent un nouvel éclat aux yeux de Judith, dont les joues étaient animées comme par la joie d’un triomphe. Affectant, cependant, de ne pas remarquer l’impression qu’elle avait faite, la jeune fille s’assit avec la dignité d’une reine, et elle demanda que l’on continuât la visite de la caisse.

— Je ne vois pas de meilleur moyen pour traiter avec les Mingos, s’écria Deerslayer, que de vous envoyer à eux, telle que vous voici, et de leur dire qu’une reine est arrivée parmi eux ! À un tel spectacle, ils donneront la liberté au vieux Hutter, à Hurry et à Hetty.

— Je crois votre langue trop sincère pour flatter, Deerslayer, répliqua la jeune fille, plus satisfaite de cette admiration qu’elle n’eût voulu l’avouer. — Une des principales causes de mon respect pour vous a été votre amour pour la vérité.

— Aussi est-ce la vérité, la vérité solennelle, Judith, et rien de plus. Jamais mes yeux n’ont rencontré une créature aussi glorieuse que vous l’êtes en ce moment ! Moi aussi, j’ai vu des beautés dans mon temps, des blanches et des rouges ; et j’ai vu de près et de loin celles qu’on vantait et dont on parlait ; mais jamais je n’en ai vu aucune qui pût soutenir la moindre comparaison avec ce que vous êtes en cet heureux instant, Judith ; jamais.

Le regard de ravissement que la jeune fille accorda au chasseur si franc dans ses paroles ne diminua en rien l’éclat de ses charmes ; et jamais peut-être Judith, avec ses yeux humides et pleins de sensibilité, ne fut-elle aussi charmante qu’à ces mots du jeune homme : — Heureux instant ! — Il secoua la tête, la tint un instant penchée