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OU LE TUEUR DE DAIMS.

perdue pour elle. Elle en comprit le sens général cependant, et elle répondit en conséquence.

— Cela vaut mieux ainsi, Hurry. Il vaut mieux que vous soyez, mon père et vous, calmes et tranquilles jusqu’à ce que j’aie parlé aux Iroquois, et alors tout ira bien et heureusement. Je ne désire pas qu’aucun de vous me suive ; laissez-moi seule. Aussitôt que tout sera arrangé et que vous serez libres de retourner au château, je viendrai vous en instruire.

Hetty parla si sérieusement et si naïvement, elle semblait être si assurée du succès, et elle avait un tel air de franchise et de vérité, que les deux individus qui l’écoutaient se sentirent plus disposés à attacher de l’importance à sa médiation qu’ils ne l’auraient fait en d’autres circonstances. Aussi, quand elle manifesta l’intention de les quitter, ils n’y firent aucune objection, quoiqu’ils vissent qu’elle se disposait à aller joindre le groupe de chefs qui étaient à délibérer à part, probablement sur la manière et sur le motif de son arrivée soudaine.

Lorsque Hist, car nous préférons l’appeler ainsi, quitta sa compagne, elle s’avança près de deux ou trois des plus vieux chefs qui lui avaient témoigné le plus de bonté pendant sa captivité, et dont celui qui était le plus considéré lui avait même offert de l’adopter comme sa fille, si elle voulait consentir à devenir Huronne. En allant de ce côté, l’adroite Delaware cherchait à se faire interroger. Elle était trop bien rompue aux habitudes de sa nation pour donner son opinion, elle, femme et si jeune, à des hommes et à des guerriers, sans qu’ils l’invitassent à le faire ; mais la nature l’avait douée d’un tact et d’une intelligence qui lui donnaient le pouvoir d’attirer l’attention, quand elle le souhaitait, sans blesser l’amour-propre de ceux auxquels elle devait déférence et respect. Son indifférence affectée stimula même la curiosité ; et Hetty était à peine arrivée auprès de son père, que la Delaware fut appelée dans le cercle des guerriers par un geste secret, mais significatif. Là, elle fut questionnée au sujet de la présence de sa compagne, et des motifs qui l’avaient amenée au camp. C’était tout ce que désirait Hist. Elle expliqua de quelle manière elle avait découvert la faiblesse d’esprit de Hetty, en exagérant plutôt qu’en diminuant son manque d’intelligence. Elle expliqua ensuite en peu de mots quel était l’objet de la jeune fille en s’aventurant au milieu de ses ennemis. Ses paroles produisirent tout l’effet qu’elle en attendait ; car son récit investit la personne et le caractère de l’étrangère du respect sacré qui, comme elle le savait, devait protéger son amie. Aussitôt qu’elle