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OU LE TUEUR DE DAIMS.

contraire, malgré sa terreur, elle s’agenouilla, le visage tourné vers l’animal, et répéta à mains jointes et les yeux tournés vers le ciel la prière de la nuit précédente. Cet acte de dévotion n’était pas causé par la crainte ; c’était un devoir qu’elle ne négligeait jamais de remplir avant de s’endormir, ainsi qu’à l’heure où le retour de ses facultés la rappelait aux occupations de la journée. Au moment où elle se releva l’ourse se mit de nouveau sur ses pattes, et après avoir rassemblé ses oursons autour d’elle, elle les laissa prendre leur nourriture naturelle. Hetty fut enchantée de cette preuve de tendresse chez un animal qui n’est pas fort renommé pour sa sensibilité et comme un des oursons quittait sa mère pour s’ébattre et sauter en liberté, elle eut un vif désir de le reprendre dans ses bras et de jouer avec lui. Mais, se souvenant du grognement de la mère, elle eut assez d’empire sur elle-même pour ne pas mettre à exécution ce dangereux dessein ; puis elle songea à ce qui l’avait amenée sur ces montagnes, et s’éloigna du groupe qui l’intéressait pour continuer sa route le long du lac qu’elle pouvait apercevoir encore à travers les arbres. À sa grande surprise, mais cependant sans en être alarmée, l’ourse et sa famille se levèrent et suivirent ses pas, en se tenant à une petite distance derrière elle, et en ayant l’air de surveiller tous ses mouvements, comme pour voir tout ce que faisait la jeune fille.

Escortée de la sorte par la mère et les oursons, elle fit près d’un mille, ce qui était trois fois la distance qu’elle avait été capable de parcourir dans l’obscurité, durant le même laps de temps. Elle arriva alors près d’un ruisseau qui s’était creusé lui-même un passage dans la terre, et qui allait tomber avec bruit dans le lac entre des rives hautes et escarpées, sous l’ombrage des arbres. Là, Hetty fit ses ablutions ; et après avoir bu de l’eau pure qui descendait de la montagne, elle poursuivit son chemin, plus légère de corps et d’esprit, et toujours escortée par ses étranges compagnons. Sa route était alors le long d’une terrasse large et presque unie qui descendait du haut de la rive dans une vallée qui s’élevait plus loin pour former un second plateau plus irrégulier. Dans cette partie de la vallée, les montagnes suivaient une ligne oblique, et là commençait une plaine qui s’étendait entre les collines, au sud du lac. Cette situation indiqua à Hetty qu’elle approchait du campement, et, ne l’eût-elle pas su, les ours lui auraient fait soupçonner le voisinage d’êtres humains. Flairant l’air, l’ourse refusa d’aller plus loin, quoique la jeune fille se retournât et l’invitât à la suivre par des signes enfantins, et même en rappelant de sa douce voix. Ce fut