— Elle nous attend dans la maison, mon ami, et vous voyez que Rosée-de-Juin nous a déjà devancés.
— Rosée-de-Juin peut avoir le pied plus léger pour aller à la rencontre de Mabel, mais elle ne peut pas avoir le cœur plus content. Ainsi, vous avez trouvé le chapelain à la garnison, et tout a été bientôt terminé ?
— Nous fûmes mariés environ une semaine après vous avoir quittés, et maître Cap partit le jour suivant. Vous avez oublié de vous informer de votre ami Eau-salée
— Non pas, non pas, le Serpent m’avait raconté tout cela, mais j’aime tant à entendre parler de Mabel et de son bonheur ! A-t-elle souri, ou a-t-elle pleuré lorsque la cérémonie fut terminée ?
— L’un et l’autre, mon ami ; mais…
— Oui, c’est là leur nature, des larmes et de la joie. Ah ! tout cela est bien agréable pour nous autres habitants des forêts, et je crois que tout ce que Mabel aurait pu faire, je l’aurais toujours trouvé bien. Croyez-vous, Jasper, qu’elle ait pensé à moi en cette joyeuse occasion ?
— J’en suis certain, Pathfinder ; elle pense à vous et parle de vous tous les jours, presque à toutes les heures. Personne ne vous aime comme nous vous aimons.
— Je sais que peu de personnes m’aiment comme vous m’aimez, Jasper. Chingashgook est peut-être aujourd’hui la seule personne dont je puisse en dire autant. Allons, il est inutile de tarder davantage, cela doit être fait et plutôt maintenant que plus tard ; ainsi, Jasper, ouvrez la marche, et je vais essayer de regarder encore une fois son doux visage.
Jasper conduisit son ami, et ils furent bientôt en présence de Mabel. Les joues de la jeune femme se couvrirent d’une brillante rongeur lorsqu’elle aperçut son ancien amant ; tous ses membres tremblèrent, et elle put à peine se tenir debout ; mais son accueil ne fut pas moins plein de franchise et d’affection. Pendant l’heure que dura la visite de Pathfinder, car elle ne se prolongea pas plus long-temps malgré le repas qu’il prit dans la demeure de ses amis, un observateur, homme habile à suivre les opérations de l’esprit humain, aurait trouvé un indice certain des sentiments de Mabel dans la différence de ses manières entre Pathfinder et son mari. Avec ce dernier, elle avait encore un peu de la réserve qui accompagne un nouveau mariage, mais les sons de sa voix étaient d’une douceur extrême, ses yeux pleins