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être formé des idées aussi nettes, — dit Cap qui n’était pas peu surpris de la simple croyance de son compagnon ; — tout cela est à présent pour moi aussi clair que le jour, quoique je doive dire qu’auparavant ces opinions n’étaient pas les miennes. À quelle dénomination de chrétiens appartenez-vous, mon ami ?

— Je ne vous comprends pas.

— De quelle secte faites-vous partie ? à quelle église particulière êtes-vous attaché ?

— Jetez les yeux autour de vous et jugez en vous-même. Je suis dans mon église en ce moment ; j’y mange, J’y bois, j’y dors ; la terre est le temple du Seigneur, et j’espère humblement le servir chaque jour et à toute heure, sans interruption. Non, non, je ne renierai ni mon sang ni ma couleur ; Je suis né chrétien et je mourrai de même. Les frères moraves ont tâché de me gagner ; un des chapelains du roi m’a aussi entrepris, quoique ce soit une classe qui n’est pas très-forte sur de telles matières, et un missionnaire envoyé de Rome m’a parlé long-temps tandis que je le conduisais à travers les forêts pendant la dernière paix. Mais j’avais une réponse pour tous : Je suis déjà chrétien, et je n’ai besoin d’être ni morave, ni anglican, ni papiste. Non, non, je ne renierai ni ma naissance ni mon sang.

— Je pense qu’un mot de vous pourrait soutenir le sergent au milieu des écueils de la mort, maître Pathfinder ; il n’a près de lui que la pauvre Mabel, et vous savez qu’en outre qu’elle est sa fille, ce n’est après tout qu’un enfant.

— Mabel est faible de corps, ami Cap ; mais je ne sais si en de semblables occasions elle n’est pas plus forte que la plupart des hommes. Cependant le sergent Dunham est mon ami, il est votre beau-frère ; ainsi à présent qu’il n’est plus nécessaire de nous battre pour défendre nos droits, il est convenable que nous allions tous deux le visiter et assister à son départ de ce monde. J’ai vu plusieurs hommes mourir, maître Cap, — continua Pathfinder qui avait un penchant particulier à parler de ce qu’il savait par expérience ; et s’arrêtant en tenant son compagnon par un bouton de son habit, il ajouta : — Bien des fois déjà je me suis trouve près d’un mourant ; j’ai été témoin de son dernier soupir et entendu son dernier souffle ; car lorsque l’agitation et le tumulte du combat est fini, il est bien de nous occuper des malheureux, et il est remarquable de voir combien la nature humaine a de manières différentes de sentir dans ces moments solennels.