Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/421

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

convenable de laisser un caporal à la tête d’un détachement victorieux comme celui-ci ; car les plantes qui fleurissent dans un jardin meurent au milieu des bruyères, et je pensais précisément à réclamer l’autorité qui appartient à un homme honoré d’un brevet de lieutenant. Les soldats n’oseront faire aucune objection, et quant à vous, mon cher ami, à présent que vous vous êtes fait tant d’honneur, que Mabel est à vous, et que vous avez le sentiment intime d’avoir fait votre devoir, ce qui est plus précieux que tout le reste, je m attends à trouver en vous un allié plutôt qu’un adversaire.

— Je suppose, lieutenant, que vous avez le droit de commander les soldats du 55e, et je ne crois pas que personne ici veuille s’y opposer, quoique vous ayez été prisonnier de guerre, et qu’il y ait des hommes qui pourraient hésiter à remettre leur autorité à un prisonnier qui leur doit sa liberté. Cependant, personne ici n’aura, je crois, envie de s’opposer à vos désirs.

— C’est fort bien, Pathfinder ; et lorsque je rendrai compte de nos succès contre les bateaux, de la défense du fort et des opérations générales, y compris la capitulation, vous verrez que je n’oublierai pas de parler de vos droits et de votre mérite.

— Laissez là mes droits et mon mérite, quartier-maître ! Lundie sait ce que je suis dans la forêt et ce que je suis dans le fort, et le général le sait encore mieux ; ne vous embarrassez pas de moi ; racontez votre propre histoire, en prenant soin seulement de rendre justice au père de Mabel, qui en ce moment même est encore l’officier commandant.

Muir exprima la satisfaction complète que lui causaient ces arrangements et sa résolution de rendre justice à tout le monde, et ils s’approchèrent du groupe qui était réuni autour du feu ; là, le quartier-maître commença, pour la première fois depuis le départ de l’Oswego, à s’arroger une portion de l’autorité qu’on pouvait croire due à son rang. Prenant à part le caporal, il lui dit nettement qu’il devait désormais le considérer comme son commandant, et il le chargea d’instruire ses subordonnés du nouvel état des choses. Ce changement de dynastie s’effectua sans aucun des symptômes si ordinaires d’une révolution ; car tous connaissant le droit légal du lieutenant au commandement, nul n’était disposé à le lui contester. Par des motifs mieux connus d’eux-mêmes, Lundie et le quartier-maître avaient pris dans l’origine des dispositions différentes, et maintenant, par des