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tant de bonne grâce, quand la résistance devient impossible, qu’en se défendant avec obstination contre toutes les lois de la guerre. L’ennemi est trop fort pour nous, mon brave camarade, et je viens vous conseiller de rendre le fort, à la condition d’être traité comme prisonnier de guerre.

— Je vous remercie de votre avis, quartier-maître, qui est d’autant plus agréable qu’il ne coûte rien. Mais je ne crois pas qu’il soit dans ma nature de rendre une place comme celle-ci tant qu’il s’y trouve de l’eau et des vivres.

— Bien, Pathfinder ; je serais le dernier à vouloir combattre une aussi brave résolution, si je voyais les moyens de la maintenir. Mais il faut vous rappeler que maître Cap est tombé.

— Pas du tout, pas du tout, — s’écria l’individu en question à travers une seconde meurtrière ; — bien loin de là, je suis monté au haut de ce fort et je n’ai pas la moindre envie de confier les cheveux de ma tête entre les mains de semblables perruquiers, tant que je pourrai m’en dispenser. Ce fort me paraît être une circonstance, et j’ai dessein de la mettre à profit.

— Si c’est la voix d’un être vivant, — répondit Muir, — je suis bien aise de l’entendre, car nous pensions tous que celui à qui elle appartenait avait succombé dans la dernière affaire. Mais, maître Pathfinder, quoique vous jouissiez de la société de notre ami Cap, ce qui est un grand plaisir, comme je le sais par expérience, ayant passé avec lui deux jours et une nuit dans l’intérieur des terres, nous avons perdu le sergent Dunham, qui est tombé avec tous les braves qu’il conduisait dans la dernière expédition. Lundie l’a voulu, car il aurait été plus sage et plus convenable de donner le commandement à un officier. Malgré cela, Dunham était un brave, et justice sera rendue à sa mémoire. Enfin nous avons tous fait de notre mieux, et on n’en peut pas dire davantage du prince Eugène, du duc de Marlborough ou du grand comte de Stair lui-même.

— Vous êtes encore dans l’erreur, quartier-maître, vous êtes encore dans l’erreur, — répondit Pathfinder, ayant recours à une ruse pour augmenter sa garnison. — Le sergent est en sûreté dans le fort où l’on peut dire que toute sa famille est réunie.

— En vérité ? Je me réjouis de l’apprendre, car nous avions compté le sergent parmi les morts. Si la jolie Mabel est toujours dans le fort, qu’elle le quitte sans délai pour l’amour du ciel, car l’ennemi s’apprête à lui faire subir l’épreuve du feu. Vous con-