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Les rives de l’Île-du-Poste étaient complètement bordées de grands buissons, et l’on avait eu grand soin de les conserver, parce qu’ils servaient d’écran pour cacher les personnes et les choses qui se trouvaient dans l’intérieur. À la faveur de cet abri et des arbres qui couvraient une bonne moitié de l’île, on y avait construit sept à huit huttes peu élevées pour servir de logement à l’officier et aux soldats, de magasin pour les approvisionnements, de cuisine, etc. Ces huttes étaient construites en troncs d’arbres, suivant l’usage, et couvertes d’écorces, matériaux qu’on avait apportés d’une île plus éloignée, de peur que les marques du travail de l’homme n’éveillassent l’attention. Comme elles avaient été habitées pendant plusieurs mois, elles étaient commodes autant que peuvent l’être des habitations de cette espèce.

À l’extrémité orientale de cette île, il y avait pourtant une petite péninsule d’environ un acre de terre, qui était complètement boisée, et sous les arbres de laquelle croissaient des broussailles si épaisses, qu’il était impossible de voir à travers tant que les branches conservaient leurs feuilles. Près de l’isthme étroit qui rattachait ce terrain au reste de l’île, on avait bâti un petit fort en bois, et l’on avait en soin de ne pas le laisser sans quelques moyens de résistance. On avait choisi pour le construire des troncs d’arbres assez gros pour qu’ils fussent à l’épreuve du boulet ; on les avait équarris, et ils étaient joints de manière à ne laisser aucun point faible. Les fenêtres étaient des meurtrières, la porte petite et épaisse, le toit formé de grosses pièces de bois comme les murailles, et couvert d’écorces pour empêcher la pluie de pénétrer dans l’intérieur. Le rez-de-chaussée était destiné, suivant l’usage, à conserver les munitions et les approvisionnements ; le premier étage servait en même temps de logement et de citadelle, et un grenier fort bas était divisé en deux ou trois chambres ou une quinzaine d’hommes pouvaient coucher. Tous ces arrangements étaient excessivement simples ; mais ils suffisaient pour mettre les soldats à l’abri d’une surprise. Les arbres s’élevant de tous côtés beaucoup plus haut que cet édifice, il était invisible pour tous ceux qui n’étaient pas dans l’intérieur de l’île. Des meurtrières des étages supérieurs, on pouvait voir la clairière, quoique les broussailles cachassent plus ou moins la base de l’édifice.

Ce fort n’ayant été construit que dans la vue de pouvoir s’y défendre, on avait eu soin de le placer assez près de la source