Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/282

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hantaient des ballades au lieu du chant que la nature leur a donné. Les daims s’arrêtaient pour les écouter. Je pris Tue-daim pour tirer sur un faon, mais l’amorce ne prit pas. Le faon se mit à me rire en face aussi agréablement qu’une jeune fille qui est en humeur de gaieté, et ensuite il s’enfuit en bondissant, et il se retournait de temps en temps comme pour voir si je le suivais.

— Ne parlons plus de tout cela, Pathfinder, — dit Mabel en essuyant ses yeux, car la simplicité franche avec laquelle il laissait voir jusqu’à quel point l’amour s’était enraciné en lui, faisait une impression pénible sur son cœur. — Maintenant allons chercher mon père ; il ne peut être loin, car je viens de l’entendre tirer un coup de fusil à peu de distance.

— Le sergent a eu tort. — Oui, il a eu tort. — Doit-on essayer d’unir la tourterelle avec le loup ?

— Je vois mon père qui vient, — dit Mabel. — Prenons un air heureux et content, Pathfinder ; c’est celui que doivent avoir deux amis ; et gardons notre secret.

Il y eut un intervalle de silence. On entendit le bruit de quelques branches sèches qui se cassaient sous les pieds du sergent, et bientôt ou le vit sortir du bois et gravir la hauteur. Dès qu’il fut arrivé, il regarda successivement avec attention Pathfinder et sa fille, et dit ensuite à celle-ci :

— Mabel, vous êtes jeune et vous avez le pied léger ; allez ramasser l’oiseau que je viens de tuer. Il est tombé dans les broussailles dans ce bouquet de sapins qui termine le bois du côté du rivage. Et comme Jasper fait le signal pour annoncer qu’il va remettre à la voile, ne vous donnez pas la peine de remonter ici, nous vous rejoindrons sur le bord de l’eau.

Mabel obéit et descendit la montagne avec la vitesse et l’élasticité de la jeunesse et de la santé. Mais malgré la légèreté de sa course elle se sentait un poids sur le cœur ; et dès que le bois l’eut dérobée aux yeux de son père et du guide, elle se jeta au pied d’un arbre et pleura à chaudes larmes. Le sergent la suivit des yeux avec l’orgueil d’un père jusqu’à ce qu’elle eût disparu, et il se tourna alors vers son compagnon avec un sourire qui indiquait autant de familiarité intime que ses habitudes le permettaient.

— Elle a la légèreté de sa mère, — lui dit-il — avec quelque chose de la force de son père. Je pense moi-même que la mère n’était pas tout-à-fait aussi bien que la fille ; mais les Dunham,