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tendus, comme auparavant, au point de ressembler à des barres de fer, ils étaient lâches et courbes de manière à prouver évidemment à l’œil de tout marin que le cutter s’élevait et s’abaissait avec les vagues, à mesure qu’elles arrivaient, avec la même aisance qu’un bâtiment qui se trouve dans le lit du courant de la marée, quand la pression de l’eau oppose une réaction au pouvoir du vent.

— C’est le sous-courant ! — s’écria-t-il en bondissant le long du pont pour aller dresser la barre, afin que le cutter fût mieux à l’appel de ses ancres ; — la providence nous a placés précisément dans le sous-courant, et il n’y a plus aucun danger.

— Oui, oui, la providence est un bon marin, — murmura Cap, — et elle aide souvent les ignorants à se tirer de danger. Sous-courant ou sur-courant, le vent a diminué de force ; et heureusement pour nous tous, les ancres ont trouvé un bon fond. Mais cette infernale eau douce a des manières qui sont contre nature.

Les hommes sont rarement disposés à se disputer dans la bonne fortune ; c’est dans la mauvaise qu’ils deviennent querelleurs et caustiques. La plupart de ceux qui étaient à bord étaient convaincus que l’expérience et la dextérité de Jasper les avaient préservés d’un naufrage, et l’on ne fit aucune attention aux opinions et aux remarques de Cap.

Il est vrai qu’il y eut encore une demi-heure de doute et d’incertitude, et pendant ce temps on laissa le plomb de sonde à l’eau. Alors le sentiment de sécurité devint général, et les hommes fatigués s’endormirent, ne songeant plus à la mort qu’ils avaient vue de si près.