Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Comment diable ! il faut que ce soient de véritables Yahoux. Et supposez-vous, sergent Dunham, que je puisse trouver une île au milieu de mille sans en connaître le nom ni la position, sans savoir où elle est située et à quelle distance ?

— Quant au nom, frère Cap, vous n’avez pas besoin de vous en inquiéter, car pas une seule de ces Mille-Îles n’a un nom : il n’est donc pas possible de faire une méprise à cet égard. Pour la position, n’y ayant jamais été moi-même, je ne puis vous l’indiquer, et je ne crois pas que cela soit d’une grande importance, pourvu que nous puissions la trouver. Peut-être un des hommes de l’équipage pourra-t-il nous en indiquer la route.

— Un moment, sergent, un moment s’il vous plaît. Si je dois commander ce bâtiment, ce sera, sauf votre permission, sans tenir de conseils de guerre avec le cuisinier et le mousse. Un capitaine de navire est un capitaine de navire, et il doit avoir une opinion à lui, bonne ou mauvaise, n’importe. Je suppose que vous connaissez assez le service pour comprendre qu’il est plus convenable à un commandant d’aller mal que de n’aller nulle part. Dans tous les cas, le lord grand-amiral ne pourrait commander une yole avec dignité s’il fallait qu’il consultât le patron chaque fois quai veut aller à terre. Non, monsieur ; si je coule à fond je coulerai à fond, mais, goddam ! ce sera en vrai marin et avec dignité.

— Mais, frère Cap, je ne désire pas que vous couliez à fond nulle part, si ce n’est au poste des Mille-Îles où nous devons nous rendre.

— Fort bien, sergent, fort bien ; mais plutôt que de demander un avis, j’entends un avis direct et à découvert, à un matelot, ou à tout autre qu’à un officier du gaillard derrière, j’aimerais mieux faire le tour de vos Mille-Îles et les reconnaître toutes l’une après l’autre, jusqu’à ce que nous trouvions le port pour lequel nous sommes frétés. Mais il y a une manière d’obtenir une opinion sans montrer de l’ignorance, et je m’arrangerai de telle sorte que je tirerai de ces hommes tout ce qu’ils peuvent savoir, tout en leur donnant une haute idée de mon expérience. Nous sommes quelquefois obligés de prendre une longue vue en mer quand nous n’avons aucun objet devant les yeux, et de jeter souvent la sonde avant de trouver le fond. Je suppose que vous savez dans l’armée, sergent, que la première chose est d’avoir les connaissances désirables dans sa profession,