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CHAPITRE XV.


Quelle est cette perle que le riche ne peut acheter, que le savant est trop fier pour demander ; mais que le pauvre, celui que chacun méprise, cherche et obtient, et souvent même trouve sans la chercher ? Dites-le-moi, — et je vous dirai ce que c’est que la vérité. »
Cooper.

La rencontre d’Arrowhead ne causa aucune surprise à la majorité de ceux qui en furent témoins. Mais Mabel et tous ceux qui savaient de quelle manière ce chef avait quitté Cap et ses compagnons, conçurent à l’instant des soupçons, ce qui était plus facile que de s’assurer s’ils étaient fondés. Pathfinder était le seul qui pût s’entretenir aisément avec les prisonniers, — car on pouvait alors les regarder comme tels. Il prit donc Arrowhead à part, et il eut avec lui une longue conversation pour savoir quels motifs cet Indien avait eus pour abandonner ceux qu’il s’était chargé de conduire, et ce qu’il avait fait depuis ce temps.

Le Tuscarora subit cet interrogatoire, et y répondit avec le stoïcisme d’un Indien. Relativement à son départ, il s’excusa d’une manière fort simple et qui paraissait assez plausible. Quand il avait vu, dit-il, que leur cachette avait été découverte par les Iroquois, il avait naturellement cherché à pourvoir à sa sûreté en s’enfonçant dans les bois ; car il ne doutait pas que tous ceux qui n’en feraient pas autant, ne fussent massacrés dans quelques instants. En un mot, il s’était enfui pour sauver sa vie.

— Fort bien, — répondit Pathfinder, feignant de croire l’Indien ; — mon frère a agi prudemment ; mais pourquoi sa femme l’a-t-elle suivi ?

— Les femmes des faces-pâles ne suivent-elles pas leurs maris ? Pathfinder ne tournerait-il pas la tête en arrière pour voir si la femme qu’il aimerait le suit ?

Cette question était adressée au guide tandis qu’il était dans une disposition d’esprit à en admettre toute la force ; car Mabel, avec tous ses charmes, commençait à être constamment présente à