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LE LAC ONTARIO.

ger esquif y céda, et une minute après on vit le Scud traverser le courant de la rivière avec un mouvement si facile et si modéré qu’à peine l’apercevait-on. Quand il en fut sorti, il entra dans un remous et se porta rapidement vers la terre, sous l’éminence sur laquelle était le fort, et là Jasper jeta l’ancre.

— Pas mal, — murmura Cap dans une sorte de soliloque, — pas trop mal, quoiqu’il eût pu mettre sa barre à tribord au lieu de la mettre à bâbord ; car un bâtiment doit toujours venir au vent bord au large, qu’il soit à une lieue de terre ou seulement à une encâblure ; car cela a un air soigneux, et l’air est quelque chose dans ce monde.

— Jasper est un garçon adroit, — dit à son beau-frère le sergent Dunham, qui survint tout-à-coup ; — et nous comptons sur son habileté pour cette expédition. Mais venez tous ; nous n’avons plus qu’une demi-heure pour nous embarquer, et les canots seront prêts à nous recevoir dès que nous serons prêts à y monter.

À cette nouvelle, chacun s’en alla de son côté pour recueillir les bagatelles qui n’avaient pas encore été envoyées à bord. Quelques coups de tambour donnèrent le signal aux soldats, et en une minute tout fut en mouvement.


CHAPITRE XIII.


« C’est le moment où le farfadet alarme l’esprit timide ; où les sorcières se rassemblent pour marmotter leurs charmes ; où le cauchemar tourmente le rêveur insensé ; et où les fées dansent sur le gazon. »
Cotton.

L’embarquement d’un si faible détachement n’était pas une affaire qui pût causer beaucoup de délai ou d’embarras. Toute la troupe confiée aux soins du sergent Dunham ne consistait qu’en dix soldats et deux caporaux. Cependant on apprit bientôt que le lieutenant Muir devait accompagner l’expédition ; mais il ne partait que comme quartier-maître, et quelques fonctions de cette place servaient de prétexte à son départ, ce qui avait été