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LE LAC ONTARIO.

chants, de leurs manières de voir et de sentir, et des formes que prend leur égoïsme, est inépuisable.


CHAPITRE XI.


« Ordonnez au faucon, avant qu’il soit affaité, de se percher sur votre poing, ou au chien non dressé de suivre la piste du daim ; forcez l’homme libre à porter des fers contre sa volonté, ou celui qui est dans la tristesse à écouter un conte joyeux ; c’est temps perdu, vous n’y réussirez pas. Ainsi l’amour n’apprend pas à unir les cœurs par la force ; il ne joint que ceux qu’une douce sympathie rapproche. »
Miroir pour les Magistrats.

Il n’arrive pas souvent que l’espoir soit récompensé par la jouissance aussi complètement que les vœux des jeunes officiers de la garnison furent comblés par le temps qu’il fit le lendemain. Il peut se faire que ce ne soit que l’effet de la bizarrerie ordinaire de l’esprit humain mais les Américains sont assez portés à s’enorgueillir des choses que des hommes intelligents trouveraient sans doute d’une qualité très-inférieure, tandis qu’ils oublient ou qu’ils déprécient les avantages qui les mettent certainement au niveau, sinon au-dessus du plus grand nombre de leurs semblables. Parmi ces avantages est le climat, qui, au total, et sans vouloir lui attribuer une perfection chimérique, est infiniment plus agréable et tout aussi salubre que celui de bien des pays dont les habitants parlent le plus haut pour se plaindre du nôtre.

À l’époque dont nous parlons, les chaleurs de l’été se faisaient peu sentir à Oswego, comme on appelait le fort situé à l’embouchure de la rivière du même nom ; car l’ombre de la forêt, se joignant à la fraîcheur des brises qui venaient du lac, diminuait l’influence du soleil au point de rendre les nuits toujours fraîches, tandis que la chaleur des jours était rarement étouffante.

On était alors en septembre, mois pendant lequel les vents venant de la côte paraissent souvent s’ouvrir un chemin à travers les terres pour arriver jusqu’aux grands lacs ; et ceux qui naviguent sur ces mers intérieures sentent quelquefois l’influence favorable qui caractérise les vents de l’Océan, et qui, en leur don-