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CHAPITRE VIII.


« Une terre d’amour et de lumière, sans soleil, sans lune, sans nuit ; où le fleuve se forme d’une eau vive, et la lumière, d’un rayon pur et céleste : une terre de vision, qui paraîtrait un songe tranquille et éternel. »
Queen’s Wake.

Le repos qui succède à la fatigue, et qui suit un sentiment de sécurité nouvellement éclos, est généralement doux et profond. Ce fut ce qu’éprouva Mabel, qui ne quitta son humble couchette, — lit tel que pouvait l’attendre la fille d’un sergent, dans un fort situé sur une frontière éloignée, — que long-temps après que la garnison avait obéi à l’appel ordinaire des tambours et s’était rassemblée pour la parade du matin. Le sergent Dunham, chargé de surveiller ces devoirs ordinaires et journaliers, s’était acquitté de ses fonctions et commençait à penser à son déjeûner, avant que sa fille eût quitté sa chambre et fût sortie pour respirer l’air frais, étonnée, charmée et reconnaissante de sa nouvelle situation.

À l’époque dont nous parlons, le fort de l’Oswego était un des postes de l’extrême frontière des possessions anglaises en Amérique. Il n’y avait pas long-temps qu’il était occupé, et il avait pour garnison un bataillon d’un régiment écossais dans l’origine, mais dans lequel plusieurs Américains avaient été reçus depuis son arrivée, innovation qui avait facilité la nomination du père de Mabel au grade humble, mais chargé de responsabilité, du plus ancien sergent. Quelques jeunes officiers, nés dans les colonies, se trouvaient aussi dans ce corps. Le fort, comme la plupart des places de ce genre, était plus propre à résister à une attaque de sauvages qu’à soutenir un siège régulier ; mais la grande difficulté de transporter de l’artillerie pesante rendait ce dernier événement si peu probable, qu’elle s’était à peine présentée à l’esprit des ingénieurs qui en avaient tracé les défenses. Quelques pièces d’artillerie de campagne étaient dans la cour du fort, prêtes à être transportées partout où l’on pourrait en avoir