coup au-dessus de sa propre expérience. Qu’un peuple isolé et éloigné soit un peuple provincial, ou en d’autres termes, un peuple suivant en opinion et en pratique des idées particulières et étroites, c’est ce qui est aussi inévitable, qu’il est naturel que l’étude fasse un savant, quoique, dans le cas de l’Amérique, le grand motif de surprise se trouve dans le fait que des causes si évidentes produisent si peu d’effet. Comparés à la masse des autres nations, les Américains, quoique si éloignés et si isolés, sont à peine provinciaux ; car ce n’est qu’en comparant le point le plus élevé parmi eux au point le plus élevé chez les autres qu’on découvre tout ce qui leur manque réellement. Qu’une si large fondation morale soutienne un édifice moral si étroit, c’est ce qui est dû à la circonstance que l’opinion populaire y exerce la suprématie ; et comme tout est rapporté à un corps de juges qui, d’après la nature des choses, doivent avoir des connaissances très-limitées et très-superficielles, on ne peut être surpris que le jugement se ressente du caractère du tribunal. La grande méprise faite en Amérique a été de supposer que parce que la masse du peuple a le pouvoir dans un sens politique, elle a le droit de se faire écouter et obéir en toute autre chose. Il faut espérer que le temps et une concentration de goût, de libéralité et de connaissances, qui ne peut guère exister au sein d’une population dispersée et encore jeune, remédieront à ce mal, et que nos enfants récolteront dans les champs de l’intelligence la moisson que nous avons semée. En attendant, la génération actuelle doit souffrir un mal qui ne peut aisément se guérir ; et entre autres suites fâcheuses qui en résultent, il lui faut endurer beaucoup de lumières très-douteuses, un bon nombre de principes faux et un esprit de bigoterie insupportable et étroite, propagé par des apôtres de la liberté et de la science semblables à Steadfast Dodge.
Nous avons écrit inutilement, s’il nous est nécessaire de désigner une foule de choses dans lesquelles ce prétendu mentor du public, l’éditeur du Furet actif, avait mal jugé ses semblables, et ne s’était pas mieux apprécié lui-même. Qu’un tel homme fût ignorant, c’est à quoi l’on devait s’attendre, puisqu’il n’avait jamais reçu d’instruction ; qu’il fût suffisant, c’était la suite de son ignorance, qui produit la vanité plus souvent qu’autre chose ; qu’il fût intolérant, c’était l’effet naturel de ses habitudes provinciales et d’un esprit étroit ; qu’il fût hypocrite, c’était le résultat de l’hommage qu’il rendait au peuple, et qu’il fût permis à un être