je crois que vous conviendrez que l’Angleterre est le pays le plus délicieux qui soit au monde.
— Pour être franc avec vous, monsieur Howel, il y fait un chien de temps en octobre, novembre, décembre, janvier et février. Mars y est parfois tout autre chose qu’agréable, et avril est comme une jeune fille qui lit un de vos romans mélancoliques, tantôt souriant, tantôt pleurnichant.
— Mais les mœurs du pays, mon cher Monsieur, les traits moraux de l’Angleterre, doivent être une source de plaisir constant pour un vrai philanthrope, répliqua M. Howel, tandis qu’Ève, voyant que la discussion pourrait être longue, était allée rejoindre les dames. — Un Anglais a toutes les raisons possibles pour être fier de l’excellence morale de son pays.
— Pour vous dire la vérité, Monsieur, il y a quelques-uns des traits moraux de Londres qui ne sont pas d’une grande beauté. Si vous pouviez passer vingt-quatre heures dans les environs des docks de Sainte-Catherine, vous y verriez des choses qui causeraient des convulsions dans Templeton. Les Anglais sont un beau peuple, j’en conviens, mais leur morale n’est pas bien emplumée.
— Asseyons-nous, Monsieur, je crains que nous ne nous entendions pas bien ; et pour pouvoir continuer notre conversation, je vous prierai de me permettre de me placer près de vous à table.
Le capitaine Truck y consentit volontiers ; ils se mirent à table, et continuèrent leur entretien de la même manière qu’il avait commencé, l’un persistant à voir tous les objets à l’aide d’une imagination dérangée, et attaquée d’une sorte de monomanie, l’autre semblant obstinément déterminé à juger de tout le pays d’après l’expérience limitée qu’il avait acquise dans le voisinage des docks de Sainte-Catherine.
— Nous avons fait une rencontre aussi inattendue qu’agréable en la personne du capitaine Truck, dit mistress Hawker à Ève, qui s’était assise près d’elle. Je crois réellement que si je devais faire naufrage et courir le risque de la captivité, je voudrais que cela m’arrivât en sa compagnie.
— Mistress Hawker fait tant de conquêtes, dit mistress Bloomfield, que nous ne devons pas nous étonner de ses succès auprès de ce digne marin. Mais que direz-vous, miss Effingham, quand vous saurez que je suis aussi dans ses bonnes grâces ? Cet échan-