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contestée, ni rien savoir de mon père, qui est mort il y a près de trente ans.

— Ils n’en forment pas moins le peuple, Monsieur.

— Non, Monsieur, ils ne forment pas le peuple. C’est une prétention impudente ; ils n’ont pas plus de droit à être considérés ainsi, qu’à vouloir s’emparer de ma propriété.

— Il suffit qu’ils se regardent comme le peuple pour qu’ils prétendent avoir le droit de tout faire, dit John Effingham. J’espère, Édouard, que vous n’avez pas dessein de supporter de telles insultes ?

— Que voulez-vous que je fasse, John, si ce n’est d’avoir pitié d’hommes assez ignorants pour vouloir s’ériger en juges dans leur propre cause ? Certainement je soutiendrai mes droits légitimes ; c’est même à présent un devoir dont je dois m’acquitter pour l’honneur des lois de notre pays ; mais je ne vois pas que vous puissiez exiger autre chose de moi.

— Mais ils ont publiquement exprimé leur mépris pour vous.

— Ce qui est le signe le plus sûr qu’ils ne me méprisent pas. Le mépris est silencieux, et l’on n’en fait jamais parade aux yeux du monde. On ne méprise pas un homme quand on croit nécessaire de faire une déclaration solennelle qu’on le méprise. J’espère que ma conduite prouvera de quel côté le mépris se trouve réellement.

— Ils se sont rendus coupables de libelle contre vous en prenant une résolution pour vous déclarer odieux.

— C’est à la vérité une forte mesure, et elle mérite d’être réprimée dans l’intérêt des lois et des bonnes mœurs. Personne ne peut se mettre moins en peine que moi, monsieur Bragg, d’opinions dont la fausseté est si clairement démontrée par la manière absurde dont ceux qui les avouent se sont laissés induire en erreur ; mais c’est aller trop loin, quand quelques membres de la communauté se permettent de prendre de telles libertés à l’égard d’un citoyen, surtout lorsqu’il s’agit d’un droit prétendu qu’ils réclament. Je vous prie donc de les informer que, s’ils osent publier leur résolution qui me déclare odieux, je leur apprendrai ce qu’ils paraissent ne pas savoir encore, que nous vivons dans un pays gouverné par des lois ; je les ferai assigner pour cette offense. J’espère que c’est m’expliquer assez clairement.

Aristobule resta confondu. Faire assigner le public était une chose dont il n’avait jamais entendu parler, et il commença à s’a-