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ces voyageurs avaient raison dans ce qu’ils disent à ce sujet. Mais sûrement ni votre père ni M. John Effingham ne confirment ce qu’ils disent de notre société.

— Je ne puis répondre ni pour l’un ni pour l’autre sur ce point.

— Répondez pour vous-même croyez-vous qu’ils aient raison ?

— Vous devriez vous rappeler, Grace, que je n’ai pas encore vu la société à New-York.

— Que voulez-vous dire ? Vous avez été aux assemblées des Henderson, — des Morgans, — des Drewetts, — trois des réunions les plus nombreuses que nous ayons eues ces deux hivers.

— Je ne savais pas que par société vous entendiez ces cohues désagréables.

— Des cohues désagréables ! Quoi ! n’est-ce donc pas là la société ?

— Du moins ce n’est pas ce que j’ai appris à regarder comme tel. Je crois qu’il vaudrait mieux l’appeler compagnie.

— Et n’est-ce pas ce qu’on appelle société à Paris ?

— Il s’en faut de beaucoup. Ce peut être une excroissance de la société, une des formes de la société, mais ce n’est pas la société. Autant vaudrait donner le nom de société aux cartes dont on a fait quelquefois usage dans le monde, que de l’appliquer à un bal donné dans des salons trop petits et remplis de trop de monde. Ce ne sont que deux des manières par lesquelles les oisifs s’efforcent de varier leurs amusements.

— Mais nous n’avons guère autre chose que ces bals, les visites du matin, et de temps en temps une soirée dans laquelle il n’y a pas de danse.

— Je suis fâchée de l’apprendre ; car, en ce cas, vous ne pouvez avoir de société.

— Et est-elle différente à Paris, à Florence, à Rome ?

— Très-différente. À Paris, il y a un grand nombre de maisons qui sont ouvertes tous les soirs, et où l’on peut aller sans beaucoup de cérémonie. Les dames y paraissent vêtues, suivant ce que j’ai entendu appeler par un gentleman, chez mistress Henderson, leurs « intentions ultérieures » pour la soirée, les unes de la manière la plus simple, les autres comme pour aller à un concert, à l’Opéra, et même à la cour. Quelques-unes reviennent d’un dîner, d’autres vont à un bal. Toute cette variété, qui n’a rien d’apprêté, ajoute à l’aisance et à la grâce de la réunion ; et les femmes joignant à un savoir-vivre parfait une manière char-