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LE


PAQUEBOT AMÉRICAIN.


N’est-il pas étrange, Canidius, que, parti de Tarente et de Brindes, il ait traversé si promptement la mer Ionienne, et touché à Toryne ?
Shakspeare.




CHAPITRE PREMIER.


J’ai une chambre où vous pourrez vous reposer et prendre quelques rafraîchissements ; après quoi nous parlerons plus amplement de cette affaire.
Orra



La côte d’Angleterre, quoique plus belle que la nôtre[1], est plus remarquable par sa riante verdure et par un air général de civilisation que par ses beautés naturelles. Ses rochers de craie peuvent paraître nobles et hardis aux Américains, quoique, comparés aux masses de granit qui bordent la Méditerranée, ils ne soient que des taupinières ; et l’œil du voyageur expérimenté cherche d’autres beautés dans les vallées écartées, les haies verdoyantes et les groupes de villages qui ornent la côte de cette île féconde. Portsmouth même, si on le considère uniquement sous le rapport du pittoresque, n’est pas un échantillon favorable des ports britanniques. Une ville située sur une humble pointe, et fortifiée à la manière des Pays-Bas, avec un excellent port, présente plus d’images de ce qui est utile que de ce qui est agréable, tandis qu’un arrière-plan de montagnes modestes n’offre guère que les coteaux verdoyants de la campagne. À cet égard, l’Angleterre même à la fraîche beauté de la jeunesse plutôt que les couleurs harmonieuses d’une époque plus avancée de

  1. Celle d’Amérique.