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plupart des voyageurs sur terre le sont sur les parallaxes, les nœuds, l’écliptique et les solstices. Sachant pourtant que l’heure approchait où la voix du capitaine se ferait entendre, il envoya sur le pont un subordonné, afin de se mettre en état de répondre exactement aux questions de son commandant. Au bout d’une couple de minutes, il se trouva au courant de la situation véritable des choses ; mais la première porte qui s’ouvrit fut celle de Paul Blunt, qui avança la tête dans la cabine, ses cheveux noirs encore dans le désordre qui suit l’instant du réveil.

— Maître d’hôtel !

— Monsieur.

— Comment est le vent ?

— Tout à fait agréable, Monsieur.

— Mais où est-il ?

— À peu près au sud, Monsieur

— En fait-il beaucoup ?

— Une bonne brise, Monsieur.

— Et la corvette ?

— Elle est sous le vent, Monsieur, voguant aussi vite qu’elle le peut.

— Saunders ! cria la voix du capitaine.

— Capitaine ! répondit le maître d’hôtel, sortant à la hâte de la paneterie pour mieux l’entendre.

— Quelles voiles portons-nous ?

— Les perroquets, capitaine.

— Où est le cap ?

— Ouest-sud-ouest, capitaine.

Excellent ! — Voit-on la corvette ?

— On n’en voit que les mâts sous le vent, par la hanche, capitaine.

— Encore mieux. — Dépêchez-vous de préparer le déjeuner, Monsieur ; je suis aussi affamé qu’un Troglodyte.

Le brave capitaine avait trouvé ce mot dans un pamphlet tout nouveau contre le radicalisme ; et ayant du goût pour l’ordre, du moins dans un sens, il se flattait d’être ce qu’on appelle en Angleterre un conservateur ; en d’autres termes, il avait un goût décidé pour cette maxime du maraudeur écossais, qu’on peut rendre par l’aphorisme plus simple : Gardez ce que vous avez pris et prenez ce que vous pouvez.

On ne fit plus aucune question, et bientôt après les passagers arrivèrent dans la chambre l’un après l’autre. Presque invariablement