Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 15, 1839.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ques minutes nous aurons gagné le large, et alors, je donnerai au drôle une touche de Vattel qui le mettra tout à culer, si elle ne le jette pas par dessus le bord.

— Mais l’embarcation ?

— Si nous classons du bâtiment le procureur et Grab, les autres n’auront entre les mains rien qui les autorise à emmener l’homme, même en admettant leur juridiction. Je connais les drôles, et aucun d’eux n’emportera de ce bâtiment un seul shilling, de mon consentement. Écoutez, sir George, un mot à l’oreille : ce sont deux maudits coquins, pires qu’aucun grillon qui ait jamais infecté la soute au pain d’un bâtiment. Je les forcerai bientôt à lever l’ancre, ou je les jetterai dans leur barque de mes propres mains.

Le capitaine allait se détourner pour examiner la position de l’embarcation sous voiles, quand M. Dodge lui demanda la permission de lui faire un court rapport au nom de la minorité du comité. Le résultat de ce rapport était que la minorité était d’accord sur tous les points avec la majorité, mais qu’elle désirait faire observer que comme le bâtiment pouvait se trouver dans le cas de relâcher dans un des ports du canal Britannique, il était prudent de ne pas perdre de vue cette circonstance importante en prenant une détermination définitive. Ce rapport de la minorité, qui, comme M. Dodge l’expliqua au baronnet, était plutôt une mesure de précaution qu’une protestation, n’eut pas plus d’influence sur le capitaine Truck que l’opinion de la majorité, car il était un de ces hommes qui suivent rarement un avis quand il n’est pas d’accord avec leur jugement préalable. Il continua donc à examiner tranquillement le cutter, qui suivait alors la même route que le Montauk, et qui en était alors au vent à peu de distance, pinçant un peu le vent, de manière à s’en approcher à mesure qu’il avançait.

Cependant le vent avait fraîchi et s’était changé en une petite brise ; et le capitaine secoua la tête avec un air de satisfaction quand il entendit ce bruit qui annonçait que son bâtiment commençait à fendre l’eau avec plus de rapidité. Ceux qui étaient sur le cutter virent les flocons d’écume arriver jusqu’à eux, tandis que l’accélération de mouvement était à peine encore sensible à bord du Montauk. L’officier qui commandait le cutter s’aperçut promptement d’un changement qui lui était défavorable ; mais en donnant un peu de largue à ses voiles et en empêchant son embarcation de venir au vent autant qu’il le put, il se trouva bientôt à cent pieds du Montauk, suivant la même route et au vent. À la faveur d’un brillant clair de lune, on put voir distinctement un jeune homme en petit