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— À présent que vous connaissez ma mission, capitaine Truck, dit-il, je crois que vous pouvez me dire si vous consentez que j’interroge l’individu dont vous m’avez parlé.

— Je connais une de vos missions, Monsieur ; mais vous avez parle de deux ?

— Toutes deux s’accompliront sur ce bâtiment, avec votre permission.

— Ma permission ! Cela sonne bien, du moins, ma chère miss Effingham. — Permettez-moi de vous demander, capitaine Ducie, si quelqu’une de vos missions ne sent pas le tabac ?

— Cette question est si singulière, répondit l’officier anglais avec un air de surprise, que je ne puis la comprendre.

— Je désire savoir, capitaine Ducie, si vous avez quelque chose à dire concernant la contrebande.

— Certainement non, Monsieur ; je ne suis ni un officier ni un croiseur des douanes, et je suppose que ce bâtiment est un paquebot régulier, dont l’intérêt évident est de ne pas se mêler d’un tel métier.

— Vous ne supposez que la vérité, Monsieur ; mais nous ne pouvons pas toujours répondre de la discrétion et de l’honnêteté de tout notre monde. Une seule livre de tabac pourrait faire confisquer ce noble bâtiment ; et d’après la persévérance avec laquelle vous nous avez donné la chasse, je craignais que l’inconduite de quelqu’un de mes gens n’eût été cause d’une dénonciation de ce genre contre nous.

— En ce cas, votre crainte n’était pas fondée, car les deux objets qui m’ont amené en Amérique se trouvent complètement remplis par la rencontre que j’ai faite sur ce bâtiment de M. Powis et de M. Sandon, qui, à ce que je puis comprendre, est en ce moment dans sa chambre.

Ils se regardèrent l’un et l’autre quelques instants en silence, et le capitaine Truck reprit la parole.

— Puisque tels sont les faits, capitaine Ducie, je vous offre toutes les facilités que l’hospitalité peut vous donner sur ce bord.

— Vous me permettrez par conséquent d’avoir une entrevue avec M. Sandon ?

— Sans contredit. Je vois, Monsieur, que vous avez lu Vattel, et que vous connaissez les droits des neutres et ceux des nations indépendantes. Comme cette entrevue paraît devoir être importante, vous désirerez probablement qu’elle ne soit pas publique, et elle ne peut guère avoir lieu dans la chambre de M. Sandon, qui est fort petite. —