Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 15, 1839.djvu/411

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mât, mais je désire mettre le cap au large. — Le capitaine Ducie le salua, et se retira pour donner des ordres. — Il paraît comprendre Vattel, continua M. Truck, et nous n’aurons pas la peine de le lui expliquer. Quoi qu’il en soit, monsieur Leach, parez l’ancre ; car de belles paroles ne beurrent pas le pain. Cependant il a l’air d’un homme comme il faut. Saunders, mettez une bouteille de vieux madère sur la table de la grande chambre.

La corvette serra le vent vers l’est pour laisser de l’espace au paquebot, et mit en panne, avec son petit hunier sur le mât. Le capitaine Ducie fit mettre en mer sa chaloupe, pendant que le Montauk le suivait et prenait position sous le vent de la corvette ; et cinq minutes après, il était sur le pont avec un homme de moyen âge ; qui ne portait pas le costume de marin, et un midshipman à joues rebondies.

Il ne fallait que voir le capitaine Ducie pour reconnaître en lui un homme bien né et bien élevé. Il était grand, bien fait, et ne paraissait guère avoir que vingt-cinq ans. Dès qu’il vit Éve, il parut frappé de sa beauté, et la manière dont il la salua aurait été remarquée dans un salon. Mais il savait trop bien ce qu’il devait faire comme officier, pour faire plus d’attention à elle avant d’avoir salué le capitaine Truck et d’avoir reçu ses compliments. Il se tourna alors vers les dames, et les salua de nouveau, ainsi que les passagers.

— Je crains, dit-il, que mon devoir ne m’ait rendu la cause involontaire de la prolongation de votre voyage ; car je crois que peu de dames aiment assez l’Océan pour pardonner aisément à ceux qui les y retiennent plus longtemps qu’elles ne comptaient.

— Nous sommes d’anciens voyageurs, dit M. Effingham, avec politesse, et nous savons les obligations imposées par le devoir.

— Oui, Monsieur, dit le capitaine Truck, et je n’ai jamais eu la bonne fortune d’avoir sur mon bord de plus aimanles passagers. — Monsieur, Effingham, je vous présente l’honorable capitaine Ducie ; capitaine Ducie, voici miss Effingham. — Monsieur John Effingham, miss Ève Effingham, mam’selle Vieilleville, monsieur Dodge ; je vous présente l’honorable capitaine Ducie.

L’honorable capitaine Ducie et tous les autres, à l’exception de l’éditeur du Furet Actif, ne purent s’empêcher de sourire, tout en se saluant réciproquement ; mais M. Dodge, qui se croyait le droit d’être présenté dans toutes les formes à tous ceux qu’il rencontrait, et de savoir qui ils étaient, présenté ou non, s’avança sur-le-champ et serra cordialement la main de M. Ducie.

Le capitaine Truck regarda autour de lui pour chercher quelque