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peu de distance l’un de l’autre pour pouvoir s’entendre de la voix seule.

— Je crois, Monsieur, dit le capitaine de la corvette, que j’ai le plaisir de voir monsieur Truck, commandant le paquebot le Montauk ?

— Oui, oui, murmura le capitaine Truck, je réponds qu’il a mes nom et prénoms aussi bien écrits et orthographiés que s’ils étaient imprimés. — oui, Monsieur, je suis le capitaine Truck, et ce bâtiment est le Montauk. Puis-je vous de demander à mon tour le nom de votre navire et le vôtre, Monsieur ?

L’Écume, corvette de sa Majesté Britannique, capitaine Ducie.

— L’honorable capitaine Ducie ! s’écria M. Sharp, je croyais le reconnaître : je le connais particulièrement.

— Résistera-t-il à Vattel ? demanda M. Truck.

— Quant à cela, il faut que je vous renvoie à lui.

— Vous paraissez avoir souffert de l’ouragan, reprit le capitaine Ducie, qu’on voyait sourire, tandis qu’il parlait à M. Truck comme à une ancienne connaissance. Nous ayons été plus heureux, car je crois qu’il ne nous manque pas un seul fil de caret.

Le Montauk a jeté tout son gréement à la mer, et nous a donné la peine de l’équiper à neuf.

— Et vous paraissez y avoir admirablement réussi. Il manque certainement quelques pouces à votre mâture et à votre voilure ; mais tout est solide comme une église.

— Oui, oui, à présent que nous avons mis nos habits neufs, nous n’avons pas à en rougir.

— Puis-je vous demander si vous êtes entré dans quelque port pour vous procurer cet équipement ?

— Non, Monsieur, nous l’avons ramassé le long de la côte.

L’honorable capitaine Ducie crut que M. Truck le persiflait, et, sans rien perdre de sa politesse, il prit des manières un peu plus froides.

— Je désire beaucoup vous parler en particulier, Monsieur, pour une affaire de quelque importance, et je regrette de n’avoir pu vous parler le soir où vous avez quitté Portsmouth. Je sais parfaitement que vous êtes dans vos eaux, et je suis très-fâché de retarder l’arrivée de vos passagers quand ils sont si près du port ; mais je regarderai comme une faveur que vous me permettiez de passer sur votre bord pour quelques minutes.

— De tout mon cœur, dit le capitaine Truck. Si vous voulez me donner l’espace nécessaire, je brasserai mon grand hunier sur le