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nories. La congrégation était composée des personnes les plus distinguées de toute l’Angleterre ; il s’y trouvait notamment sir Salomon Snore, ci-devant grand schérif de Londres, homme de la première considération dans l’empire britannique, et le célèbre M. Shilling, de la maison Pound, Shilling et Ponce. Il y avait certainement dans cette congrégation un air de vie civilisée, mais un peu trop d’idolâtrie. Sir Salomon et M. Shilling furent reçus avec distinction, ce qui était convenable, attendu leur rang élevé ; mais je donnai une désapprobation sans réserve aux génuflexions et au chant. »

— Sir Salomon et l’autre personnage dont vous parlez avaient peut-être un peu trop d’embonpoint, ce qui pouvait nuire à leur grâce quand ils s’agenouillaient, dit M. Sharp.

— Je désapprouve tout agenouillement en principe général, Monsieur. Si nous nous agenouillons pour quelqu’un, nous apprendrons bientôt à le faire pour quelque autre, et Dieu sait ou cela finira. Je n’aime pas davantage la manière exclusive dont la congrégation était assise dans les bancs, dont les côtés étaient si élevés, qu’on pouvait à peine voir son plus proche voisin ; et ces bancs sont souvent entourés de rideaux qui cachent complètement ceux qui s’y trouvent, système d’égoïsme qui ne serait pas toléré longtemps en Amérique.

— Les individus sont-ils propriétaires de leurs bancs en Amérique ? demanda M. Sharp.

— Très-souvent, répondit John Effingham ; toujours même, excepté dans ces parties particulières du pays où il serait regardé comme contraire aux droits du public qu’un homme fût mieux que son voisin, en possédant une chose à laquelle le public n’a pas un meilleur droit que celui qui la possède.

— Et le propriétaire d’un banc dans une église n’a-t-il pas le droit d’y placer des rideaux afin de pouvoir se recueillir plus aisément pendant le service divin ?

— L’Amérique et l’Angleterre sont les antipodes l’une de l’autre pour toutes ces choses, dit M. Dodge ; j’ose dire que vous êtes venu parmi nous avec l’idée que notre liberté est si licencieuse qu’un homme peut lire un journal tout seul ?

— J’en conviendrai certainement, répondit M. Sharp en souriant.

— Nous lui apprendrons à penser différemment avant de le laisser repartir, monsieur Dodge, dit John Effingham. Je m’aperçois, Monsieur, que vous avez des idées très-rétrécies sur la liberté. Chez nous la majorité décide de tout ; nous mangeons quand la majorité mange,