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passé trois semaines, et la connaissance que j’avais de la langue du pays m’a mis en état de rendre un compte encore plus exact de l’état de la société

— J’espère que vous vous proposez de publier ces observations ? dit le capitaine.

— Je recueillerai probablement mes notes, et j’en ajouterai quelques autres pour former un volume ; mais tout ce que je vous ai lu a déjà été mis sous les yeux du public américain dans les colonnes du Furet Actif. Je puis vous assurer, Messieurs, que mes collègues de la presse ont parlé très-favorablement de mes lettres quand elles ont paru. — Peut-être serez vous charmés d’entendre quelques-unes de leurs opinions ?

Sans attendre une réponse, M. Dodge prit son portefeuille, d’où il tira sept à huit morceaux de papier imprimé, qui avaient été conservés avec soin, quoiqu’il fût évident qu’ils avaient été maniés bien des fois. Il en choisit un, et en fit la lecture.

« Notre ami Dodge, du Furet Actif, instruit ses lecteurs et édifie le genre humain en général par des remarques aussi justes que piquantes sur l’état actuel de l’Europe, partie du monde qu’il explore en ce moment avec le même esprit d’entreprise et la même persévérance que déploya Christophe Colomb quand il voguait sur le vaste océan Atlantique, alors inconnu. Nous donnons notre approbation entière à ses opinions, car elles sont saines, américaines et judicieuses. Nous pensons que ces Européens commenceront à croire que Jonathan se fait une assez juste idée de ce qu’ils sont, les créatures ! » — Ceci est extrait, Messieurs, de l’Avocat du Peuple, journal rédigé avec beaucoup de talent par Peleg Pond, Esquire, républicain prononcé et profond observateur du genre humain.

— Particulièrement dans sa paroisse, dit John Effingham d’un ton de sarcasme ; et dites-moi, Monsieur, avez-vous un grand nombre de ces morceaux d’élite ?

— Une douzaine tout au moins. Tenez, en voici un autre : — « Steadfast Dodge, Esquire, éditeur du Furet Actif, voyage maintenant en Europe, et éclaire l’esprit public en Amérique par des lettres de Johnson pour le style, et de Chesterfield pour le goût et la connaissance du monde, sans parler de l’esprit de nationalité, de républicanisme et de vérité. Nous voyons avec grand plaisir, d’après ces précieuses additions aux trésors de la littérature américaine, que Steadfast Dodge ne trouve aucun motif pour envier aux habitants de l’Ancien-Monde la civilisation dont ils sont si fiers, et qu’au contraire, à chaque mille qu’il fait, il est mieux pénétré de notre supé-