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sagacité qui le caractérisaient. Il comprit qu’il était nécessaire ou du moins prudent d’avoir un autre témoin, et voyant que l’épuisement du malade le forçait à s’arrêter, il courut à la porte de la chambre d’Ève, et fit signe à Paul de le suivre. Ils rentrèrent ensemble, et alors John Effingham prit doucement la main de M. Lundi, et lui offrit un breuvage moins excitant que le cordial, mais qui lui rendit quelque force.

— Je vous comprends, Monsieur, dit M. Lundi en regardant Paul ; en effet, c’est très-convenable ; — mais j’ai peu de choses à dire, les papiers expliqueront tout. Ces clefs, Monsieur, — le tiroir d’en haut de la commode, — et le portefeuille de maroquin rouge ; prenez tout, — voilà la clef. — J’ai laissé tout ensemble, par le pressentiment qu’une heure viendrait… — À New-York, vous aurez le temps, — il n’est pas encore trop tard.

Comme le blessé parlait par intervalles et avec peine, John Effingham avait suivis ses instructions avant qu’il eût fini. Il trouva le portefeuille de maroquin rouge, prit la clef dans le trousseau, et montra l’un et l’autre à M. Lundi, qui sourit en faisant un signe d’approbation. Le tiroir contenait du papier, de la cire, et tout ce qui est nécessaire pour écrire. John Effingham enferma le portefeuille sous une forte enveloppe, sur laquelle il mit trois cachets avec ses armes. Il demanda alors à Paul sa montre, afin d’en faire autant avec le cachet de son compagnon. Après cette précaution, il rédigea en peu de mots la déclaration que le contenu leur avait été remis à tous deux pour être examiné, dans l’intérêt des parties qu’il concernait, quelles qu’elles pussent être. Ils le signèrent l’un et l’autre, et le papier fut donné à M. Lundi, qui eut encore la force d’y apposer sa signature.

— On ne plaisante guère dans de pareils moments, dit John Effingham à voix basse, et ce portefeuille, peut contenir des renseignements importants pour des personnes lésées et innocentes. Le monde est loin de soupçonner combien il se commet d’atrocités en ce genre. Prenez ce paquet, monsieur Powis, et enfermez-le avec vos effets jusqu’à ce que le moment de l’examiner soit venu.

M. Lundi éprouva un soulagement notable quand il vit le portefeuille déposé en mains sûres. Il faut peu de chose pour tranquilliser un cerveau malade. Pendant plus d’une heure, il sommeilla. Pendant cet intervalle de calme, le capitaine Truck parut à la porte de la chambre pour s’informer de l’état du blessé, et recevant des nouvelles si favorables, il se retira pour prendre quelque repos, ainsi que tous ceux que leur devoir n’obligeait pas à veiller. Paul était aussi