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M. Effingham, levèrent alors l’ancre ; les voiles furent déployées, et, en moins de quinze minutes, le radeau si précieux et si désiré entra dans la passe.

Paul gouvernait la plus grande chaloupe, et avait donné à M. Sharp les instructions nécessaires pour qu’il pût gouverner l’autre. La marée arrivait ; et en maintenant leur position au vent ils conduisirent leur long radeau avec tant de précision, qu’il arriva au banc de sable sans avoir touché un seul rocher. Il y fut amarré en triomphe ; on déposa sur le sable les voiles et les cordages qui y avaient été placés, et tout le monde sortit des deux chaloupes.

Les dernières vingt heures qui venaient de s’écouler parurent comme un songe à toutes les femmes, tandis qu’elles se promenaient sur le sable en se livrant à l’espérance et à un sentiment de sécurité. On avait alors réuni tout ce qui était nécessaire à la sûreté générale, et il ne restait qu’à dégager le bâtiment du sable et à le gréer. M. Leach avait déjà fait rapport au capitaine qu’il était en aussi bon état que lorsqu’il était parti de Londres.


CHAPITRE XXVII.


Que ne suis-je dans un cabaret de Londres. Je donnerais toute ma renommée pour boire un pot de bière, et être en sûreté.
Henry V



Mademoiselle Viefville, avec le caractère décidé et l’intelligence qui la rendaient très-utile au besoin, s’empressa d’offrir ses services pour donner des soins au malheureux blessé. Ève, accompagnée de Nanny, monta à bord du Montauk, et se rendit dans son appartement, non sans quelque difficulté, attendu la position inclinée du bâtiment. En entrant dans la grande chambre, elles y trouvèrent moins de confusion qu’elles ne s’y attendaient, et la scène qui s’offrit à leurs yeux était plus comique que lugubre ; car M. Lundi avait été porté dans sa chambre, la porte en était fermée, et elles ne le virent pas.

Mais celle du soi-disant sir George Templemore était ouverte, et il y était occupé à passer en revue le peu qui restait de tous ses effets, parmi lesquels il avait trouvé un grand déficit, surtout en pantalons et en habits. Les Arabes étaient convenus de s’abstenir de tout pillage, pour faire ensuite un partage équitable du butin : mais, pour satisfaire la rapacité de quelques-uns d’entre eux, les scheiks avaient