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ment. Mais pour ne pas anticiper sur les événements, nous retournerons près de ceux que nous avons laissés sur la chaloupe du paquebot.

Le lecteur se figurera aisément l’effet que produisit sur M. Effingham et ses compagnons le bruit du premier coup de canon. Comme ils étaient tous sous le rouffle, ils ne savaient ce qui se promenait sur leurs têtes, quoiqu’ils crussent que c’était le second lieutenant, conformément aux ordres qu’il avait reçus.

— Ma vue se trouble, dit M. Effingham, qui regardait par une fenêtre avec la longue-vue ; voulez-vous essayer de voir ce qui se passe, Ève ?

— Cela m’est impossible, mon père, répondit-elles les joues pâles comme la mort ; c’est bien assez d’entendre le bruit effrayant de ce canon !

— Cela est épouvantable, ma chère enfant, dit Nanny entourant Ève de ses bras ; et je suis surprise que des hommes aussi tranquilles que M. John Effingham et M. Powis aient voulu prendre part à une pareille entreprise.

Voulez-nous me permettre, Monsieur ? dit mademoiselle Viefville en avançant la main pour prendre la longue-vue que M. Effingham lui abandonna sur-le-champ. Ah ! le combat commence véritablement !

— Sont-ce les Arabes qui viennent de faire feu ? demanda Ève, qui, malgré sa terreur, prenait un profond intérêt à cette scène.

Non, c’est cet admirable jeune homme, M. Blunt. Son bateau est en avant de tous les autres.

— Et maintenant, Mademoiselle, ce sont sûrement les barbares ?

Pas du tout, les sauvages fuient. C’est encore du bateau de M. Blunt qu’on tire. Quel courage ! son bateau est toujours des premiers !

— Ces cris sont effrayants ! combattent-ils de près ?

On crie des deux côtés, je crois. Le vieux capitaine est en avant à présent, et M. Blunt s’arrête.

— Que le ciel les protège dans ce danger ! Les voyez-vous, Mademoiselle ?

Non, la fumée est trop épaisse. Ah ! les voilà ! on tire encore de son bateau.

— Eh bien ! Mademoiselle ? demanda Ève après une pause de quelques minutes.

Tout est déjà fini. Les Arabes se retirent ; nos amis sont maîtres du bâtiment. Cela a été l’affaire d’un moment. Que ce combat a été