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signe amical qui fit pousser à tout son monde une acclamation involontaire. Il était trop tard pour qu’il se passât autre chose entre eux ; car la chaloupe était entrée dans la passe, et les Arabes firent un feu général qui ne produisit aucun effet, attendu la distance. Paul avait donné ordre de tirer le premier coup par-dessus leur tête, mars cette attaque changea son plan.

— Baissez votre pièce, Brooks, dit Paul au jeune marin, et mettez-y un sac de mitraille.

— Tout est prêt, Monsieur, dit celui-ci un moment après.

— Sciez les avirons, dit Paul aux rameurs. Bien. La chaloupe est arrêtée. Feu !

On vit tomber plusieurs Arabes, mais on n’aurait pu dire combien ; car les autres, en s’enfuyant avec précipitation, firent tomber dans la mer les morts et les blessés. Quelques-uns se cachèrent derrière des rochers ; la plupart coururent de toutes leurs forces du côté du rivage.

— Bien pointé ! s’écria le capitaine tandis qu’il passait sur son cutter ; maintenant, Monsieur, au bâtiment !

De nouvelles acclamations partirent, et toutes les rames battirent l’eau. Traverser le récif n’était rien, mais emporter le bâtiment était une affaire sérieuse ; car il était défendu par quatre fois au moins autant d’hommes qu’il s’en trouvait sur les embarcations, et il n’y avait pas de retraite possible. Les Arabes, comme on l’a déjà vu, avaient suspendu leurs travaux pendant la nuit, ayant inutilement essayé de tirer le Montauk du côté du récif avant que la marée arrivât. Cependant, par instinct plutôt que par calcul, ils avaient attaché une grosse corde aux rochers, et ils auraient probablement réussi à dégager le bâtiment du banc de sable, quand il aurait été remis à flot à la marée haute. Heureusement Paul avait coupé cette corde en passant ; et au milieu de leur confusion et de leurs clameurs, dans un moment où ils s’attendaient à être attaqués, ils n’avaient pas fait attention à cette circonstance. Le vent portant toujours vers le banc, avait poussé le Montauk encore plus avant sur le sable ; et au moment où la marée était au plus haut, il touchait encore. Elle était alors au plus bas ; le vent avait admirablement servi, et le bâtiment reposait sur le petit fond de sa carène, soutenu en partie par l’eau, en partie par sa quille.

Pendant le court intervalle de tranquillité qui suivit, Saunders, qui était dans le cutter du capitaine, comme soldat armé à la légère, causa ainsi avec son subordonné :

— Écoutez-moi, Toast, vous allez combattre pour la première fois,