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Ils étaient au nombre de trente hommes, et comme la plupart avaient une arme à feu, ils partirent pleins d’ardeur et de confiance et comptant sur le succès. Il y avait sur les deux embarcations autant de monde qu’elles en pouvaient contenir, mais il restait encore assez de place pour ramer. La chaloupe avait été laissée à sa place sur le pont, parce qu’on savait qu’il se trouvait sur le bâtiment échoué deux canots dont l’un était grand. En un mot, comme le capitaine Truck avait médité cette entreprise depuis l’instant qu’il avait reconnu la situations du bâtiment danois, il se mit à l’exécuter avec méthode et discernement. Nous commencerons par l’accompagner, et, dans un autre chapitre, nous reporterons l’attention du lecteur sur ceux que nous laissons à bord du Montauk.

La distance qui séparait les deux bâtiments était alors d’environ quatre lieues, et un promontoire étant placé entre eux, ceux qui étaient sur le cutter et le canot perdirent de vue en moins d’une heure le Montauk, qui, dépouillé de toute sa gloire, était à l’ancre dans l’intérieur du récif. Presque au même instant, ils aperçurent le bâtiment danois, et le capitaine Truck prit avec empressement sa longue-vue pour s’assurer de l’état des choses de ce côté. Tout y était tranquille et l’on ne voyait aucun signe qui indiquât que personne s’en fût approché depuis le matin. Il fit part de cette nouvelle à son équipage qui, stimulé par l’espoir d’un succès probable, redoubla d’ardeur, et l’on avança avec une nouvelle vitesse.

Le soleil était encore à quelque distance au-dessus de l’horizon quand ils entrèrent dans l’étroit canal qui était en arrière du bâtiment échoué, et ils s’arrêtèrent, comme le matin, à côté des rochers. Sautant à terre, le capitaine Truck conduisit ses compagnons vers le navire, et en cinq minutes on le vit dans la hune examinant la plaine avec sa longue-vue. La solitude continuait à régner dans le désert, et il donna sur-le-champ l’ordre de commencer le travail sans délai.

Quelques-uns des meilleurs matelots mirent à la mer le mât de hune de rechange et la basse vergue du bâtiment danois et préparèrent des bigues, travail qui devait les occuper plusieurs heures. M. Leach et le second lieutenant, le premier sur l’avant, l’autre sur l’arrière, s’occupèrent avec quelques hommes à dépecer les mâts de perroquet et de hune, et à amener les vergues de hune sur le pont, tandis que le capitaine Truck, placé sur le pont, dirigeait le même travail pour le mât de misaine. Comme chacun travaillait avec ardeur, le soleil était à peine sur le point de disparaître à l’horizon, quand tout fut déposé sur le sable le long du bord, à l’exception des