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que des viandes rôties et bouillies. Du bœuf, du mouton, du veau, du dindon, avec des pommes de terre, des carottes, des navets et quelques puddings ; il ne me faut que cela pour satisfaire mon appétit. Et pour ce qui est de boire, c’est ce qui ne m’arrive jamais.

— Mesdames, permettez-moi de vous souhaiter un heureux retour dans votre pays natal. — Toute la difficulté, Monsieur, vient de votre climat qui ne permet pas de digérer convenablement.

— Eh bien ! monsieur Lundi, je souscris à la plupart de vos opinions, et je crois que peu d’hommes ont traversé l’Océan avec plus d’harmonie dans leurs idées qu’il en a régné entre vous, sir George, et moi, dit M. Dodge en jetant un coup d’œil de côté sur les deux Effingham comme pour faire sentir qu’ils étaient dans une minorité décidée ; mais en cette occasion, je me trouve forcé de constater mon dissentiment. Je crois qu’on trouve en Amérique un aussi bon climat, et qu’on y digère aussi bien que partout ailleurs. Je ne réclame pas davantage pour ce pays, mais je ne puis me contenter de moins. J’ai voyagé un peu, Messieurs, peut-être pas autant que messieurs Effingham ; mais après tout, un homme ne peut voir que ce qu’il y a à voir, et j’affirme, capitaine Truck, que, d’après mon pauvre jugement, que je sais fort bien n’être bon à rien…

— Et pourquoi vous en servez-vous ? dit brusquement le capitaine ; que n’en consultez-vous un meilleur ?

— Il faut bien se servir de ce qu’on a, Monsieur, ou s’en passer ; — je calcule donc, dans mon pauvre jugement, plus pauvre probablement que celui de beaucoup d’autres sur ce bord, que l’Amérique est une fort bonne sorte de pays. Dans tous les cas, après avoir vu quelque chose des autres contrées, des autres gouvernements et des autres peuples, je suis d’avis que l’Amérique comme pays est assez bonne pour moi.

— Vous n’avez jamais parlé plus vrai, monsieur Dodge, et je vous prie de vous joindre à M. Lundi et à moi pour prendre un autre verre de punch, uniquement pour faciliter la digestion. Vous avez étudié la nature humaine plus que votre modestie ne vous permet de le dire, et j’ose assurer que toute la compagnie serait enchantée si vous vouliez surmonter vos scrupules et nous faire connaître votre opinion sur les différents peuples que vous avez vus. Dites-nous quelque chose du ditter que vous avez fait sur le Rhin.

— Il est à espérer que M. Dodge a dessein de publier son ouvrage, dit M. Sharp, et il serait peut-être indiscret de l’engager à le faire connaître avant la publication.

— Je vous prie, Messieurs, de n’avoir aucun scrupule à cet égard ;