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aussitôt qu’il le voudrait. Il ne se fit pas attendre, et il m’aborda en ancien et intime ami. Il me fit force questions sur feu mon père, me parla de son regret de ne pas avoir été averti de sa maladie, et finit par me féliciter d’avoir recueilli une si belle succession.

— J’apprends aussi, ajouta-t-il, que vous avez acheté ce bourg. J’en avais eu moi-même le projet, mais cela n’a pu entrer en ce moment dans mes arrangements. — C’est une bonne affaire. — — Trois cent vingt mille livres, je suppose ? C’était le prix convenu entre le propriétaire et moi.

— Trois cent vingt-cinq, Milord.

La physionomie du noble candidat m’apprit que j’avais payé cinq mille livres en forme de pot-de-vin, ce qui m’expliqua la promptitude du procureur, qui avait probablement mis la différence dans sa poche.

— Vous avez sans doute dessein de siéger au parlement ?

— Oui, Milord, comme représentant de ce bourg, mais seulement lors de la prochaine élection générale. Dans l’occasion présente, je m’estimerai heureux de coopérer à votre nomination.

— Mon cher monsieur Goldencalf !

— Sans vouloir vous faire un compliment, lord Pledge, les nobles sentiments que je vous ai entendu exprimer ce matin sont si convenables, si dignes d’un homme d’état, si véritablement anglais, que j’aurai infiniment plus de plaisir à savoir que vous remplissez la place vacante, que de m’y asseoir moi-même.

— J’honore votre esprit public, monsieur Goldencalf, et je voudrais seulement qu’il en existât davantage dans le monde. Mais vous pouvez compter sur notre amitié, Monsieur ; ce que vous avez remarqué est vrai, — très-vrai. — Les sentiments que j’ai énoncés étaient… je le dis sans vanité… étaient… véritablement anglais, comme vous l’avez fort bien dit.

— Je le crois sincèrement, Milord, ou je ne l’aurais pas dit ; je me trouve moi-même dans une situation particulière. Avec une grande fortune, je n’ai ni rang, ni nom, ni parents dans le monde, et dans de telles circonstances rien n’est plus facile pour un homme de mon âge que de se laisser égarer ; mon désir le plus ardent est de trouver quelque moyen de m’introduire convenablement dans la société.

— Mariez-vous, mon cher ami, choisissez une femme parmi les