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pas à se cacher derrière un vote au scrutin ; non, non, ce sont des Anglais intrépides qui font et disent tout ce que leur propriétaire leur ordonne de dire et de faire.

Comme j’avais sur moi des lettres et d’autres papiers, il ne me fut pas difficile de convaincre le procureur de mon identité. Il me demanda plume et encre, tira de sa poche le contrat qui avait été préparé pour lord Pledge, me le donna à lire, remplit les blancs qu’il y avait laissés, y apposa sa signature, le fit signer par les garçons de la taverne, comme témoins, et me présenta cette pièce avec une promptitude et un air de respect qui me parurent réellement admirables. Voilà ce que c’est, pensais-je, que d’avoir donné des garanties à la société par l’achat d’un bourg ! Je lui remis un mandat de trois cent vingt-cinq mille livres sur mon banquier, et je me levai de table, propriétaire du bourg d’House-Holder et de la conscience politique de ses habitants.

Un fait si important ne pouvait rester longtemps inconnu. Les yeux de tous ceux qui se trouvaient dans la salle où j’avais dîné se fixèrent sur moi ; et le maître de la taverne arriva pour me prier de lui faire l’honneur de prendre possession de la salle qui était à l’usage particulier de sa famille, n’ayant aucune autre chambre dans la maison qui fût libre en ce moment. À peine y étais-je installé qu’un domestique en belle livrée m’apporta le billet suivant :

« Mon cher monsieur Goldencalf,

» J’apprends à l’instant que vous êtes à House-Holder, et j’en suis extrêmement charmé. Une longue intimité avec feu votre excellent et très-loyal père me permet de réclamer votre amitié, et sans cérémonie ; — car je ne vois aucune raison pour qu’il en existe entre nous, — je vous demande une demi-heure de conversation. Croyez-moi, mon cher monsieur Goldencalf, bien sincèrement

» Votre affectionné
» Pledge.
» Lundi soir. »

Je répondis que je serais prêt à recevoir la visite du noble lord