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allumer son phare, afin que sa lumière puisse nous guider.

Cette conjecture semblait probable, car pendant le jour le château de Blonay, situé sur le plateau de la montagne qui abrite Vevey, avait été parfaitement visible. Il avait été admiré comme un des plus jolis points de vue, au milieu d’un tableau si riche en hameaux et en châteaux ; et Adelheid l’avait montré à Sigismond comme le but de son voyage. Le seigneur de Blonay connaissant la visite qu’il allait recevoir, rien n’était plus probable qu’il montrât ce signe d’impatience à son vieil ami Melchior de Willading, en partie pour lui annoncer qu’il serait le bienvenu, et en partie comme un signal qui pourrait être utile à ceux qui naviguaient sur le Léman pendant une nuit qui menaçait d’une aussi grande obscurité.

Le signor Grimaldi, pensant avec raison que les circonstances devenaient graves, appela près de lui son ami et le jeune Sigismond, et leur fit part des appréhensions du moine et de Maso. Il n’existait pas dans toute la Suisse un homme plus brave que Melchior de Willading ; cependant il n’entendit pas les prédictions sinistres de son ami sans trembler de tous ses membres.

— Ma pauvre Adelheid, dit-il, cédant à la faiblesse d’un père. Que deviendra cette faible plante exposée à la tempête dans cette barque découverte ?

— Elle sera avec son père et avec les amis de son père, répondit la jeune fille ; car les bornes étroites dans lesquelles les passagers étaient resserrés, et le mouvement de sensibilité de son père qui l’avait empêché de réprimer sa voix, lui avaient appris les craintes générales. J’ai entendu le bon père Xavier et ce marin annoncer que notre position n’était pas sans danger ; mais ne suis-je pas avec des amis éprouvés ? Je sais déjà ce que M. Sigismond peut faire pour me sauver la vie ; et n’importe ce qui arrive, nous avons tous un protecteur qui ne nous laissera pas périr sans penser que nous sommes ses enfants.

— Cette jeune fille nous fait honte, dit le signor Grimaldi ; mais c’est souvent ainsi que les êtres les plus faibles se montrent les plus fermes et les plus nobles dans les moments où les hommes courageux commencent à se désespérer. Ils mettent leur confiance en Dieu, qui soutient ceux qui sont encore plus faibles que notre Adelheid. Mais il ne faut pas exagérer les sujets de crainte, qui, après tout, peuvent s’éloigner comme beaucoup d’autres dangers menaçants, et nous procurer des heures de félicitations et