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Adelheid jura un amour et une fidélité inviolable avec la plus touchante modestie, mais avec le calme d’une femme dont les affections et les principes étaient supérieurs à la faiblesse que montrent ordinairement les jeunes filles. Le serment de chérir et de protéger sa femme fut prononcé par Sigismond avec une noble sincérité, car il sentait dans ce moment qu’une vie de dévouement paierait à peine l’attachement inaltérable d’Adelheid.

— Que Dieu te bénisse, ma fille, murmura le vieux Melchior, lorsque sa fille s’agenouilla devant lui, et en prononçant ces paroles, il pouvait à peine maîtriser son émotion ; — que Dieu te bénisse maintenant et pour jamais ! La Providence a disposé d’une manière bien triste pour moi de tes frères et de tes sœurs, mais en te laissant à mon amour, il m’a fait riche en enfant. Voici ton ami, le bon Gaëtano : son destin a été plus sévère encore, mais espérons, espérons. Et toi, Sigismond, maintenant que Balthazar t’a désavoué, il faut que tu acceptes le père que le ciel t’enverra. Ton malheur est oublié, et Willading a un nouveau propriétaire et un nouveau seigneur !

Le jeune soldat emhrassa le baron dont il connaissait la franchise, et qu’il aimait tendrement ; puis il se tourna en hésitant vers le signor Grimaldi ; ce dernier venait de succéder à son ami près d’Adelheid, et de déposer sur son front un baiser paternel.

— J’invoque pour toi Marie et son divin fils, dit le vénérable prince avec dignité. Vous allez avoir à remplir de nouveaux et sérieux devoirs, mon enfant, mais un cœur qui, à la pureté des anges joint une grande douceur d’esprit et des principes inébranlables, peut adoucir pour vous les malheurs de cette vie, et vous pouvez justement espérer de jouir d’une partie de cette félicité que votre jeune imagination a douée de couleurs si brillantes. Et toi, ajouta-t-il en se tournant vers Sigismond, qui que tu sois par les décrets de la Providence, tu m’es devenu cher comme un fils. Le mari de la fille de Melchior de Willading aurait toujours eu des droits à mes affections, mais nous sommes unis par un lien qui a l’intérêt du solennel mystère. Ma raison me dit que je suis puni de la vanité de ma jeunesse, en me trouvant le père d’un fils que peu d’hommes, dans aucune condition de la vie, voudraient réclamer, tandis que mon cœur voudrait se flatter d’être le père d’un fils dont un monarque serait fier. Tu es et tu n’es pas de mon sang. Sans les preuves que Maso m’a données, et les révélations du moine mourant, je proclamerais sans hésiter