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contenu tandis que le silence des auditeurs trahissait l’intérêt avec lequel ils attendaient le résultat. Il répandit sur le pavé de la chapelle une collection d’effets d’enfant. Ils étaient élégants et riches suivant la mode du temps, mais ils n’offraient aucune preuve positive sur l’origine de celui qui les avait portés ; ils annonçaient seulement qu’il était né dans une classe élevée. Comme ces différents objets étaient étalés sur le pavé, Adelheid et Christine s’agenouillèrent auprès, trop absorbées l’une et l’autre pour se conformer dans ce moment, aux habitudes réservées de leur sexe. La dernière paraissait oublier ses propres chagrins dans un nouvel intérêt pour la fortune de celui qu’elle chérissait toujours comme un frère, tandis que la seconde écoutait avec une anxiété que l’amour seul pouvait produire.

— Voici une cassette contenant des objets précieux, ajouta Balthazar. Le condamné m’assura qu’ils avaient été pris par inadvertance ; et il les abandonnait à l’enfant pour lui servir de jouets dans sa prison.

— Voici les premiers dons que je fis à ma femme lorsqu’elle m’eut rendu père d’un garçon ! dit le doge d’une voix étouffée, en examinant ces bijoux avec le respect qu’on porte aux objets qui ont appartenu aux personnes qui ont cessé d’exister. Chère Angiolina ! ces bijoux me rappellent ton pâle et heureux visage, lorsque dans le moment sacré tu ressentis la joie d’une mère, et que tu pus sourire même à ton coupable époux !

— Voici un talisman en saphir ; on y voit gravés des caractères orientaux. On m’a dit qu’il appartenait à chaque fils aîné de la famille de l’enfant, et qu’il était mis à son col, à sa naissance, par les mains de son père.

— Je n’en veux pas davantage, je n’en veux pas davantage. Voilà la meilleure preuve que Dieu puisse nous envoyer ! s’écria le prince en joignant les mains avec ferveur. J’ai porté moi-même ce bijou dans mon enfance, et je l’ai placé, de mes mains, autour du cou de l’enfant, comme vous venez de le dire. Je n’en veux pas davantage !

— Et Bartoto Continti ! murmura Il Maledetto.

— Maso ! s’écria une voix qui jusqu’alors avait été muette. C’était celle d’Adelheid. Les cheveux de la jeune fille s’étaient détachés, et tombaient en désordre sur ses épaules, et ses mains étaient jointes avec ferveur, comme si elle eût conjuré cet esprit de ténèbres qui était venu si souvent arracher la coupe de l’espé-