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tant de raisons pour être reconnaissants envers Dieu, et joignez vos prières aux miennes.

Le père Xavier s’agenouilla sur les rochers, et tous les catholiques se joignirent à lui et prièrent pour les morts. Le baron de Willading et ses serviteurs restèrent debout, découverts pendant tout ce temps, car, bien que leurs opinions de protestants rejetassent cette médiation comme inutile, ils sentaient profondément la solennité et le saint caractère de cette scène.

Le frère quêteur se releva avec un visage brillant comme le soleil, qui en ce moment se montrait au-dessus du sommet des Alpes, jetant sa chaleur bienfaisante sur ce groupe solitaire, les huttes noirâtres et les flancs de la montagne.

— Vous êtes une hérétique, dit-il affectueusement à Adelheid, pour laquelle il ressentait l’intérêt que sa jeunesse, sa beauté et le danger qu’ils avaient courus de compagnie, étaient capables de lui inspirer ; vous êtes une hérétique, et cependant nous ne vous renierons pas, malgré votre obstination et vos fautes. Vous voyez que les saints peuvent s’intéresser eux-mêmes en faveur des pécheurs obstinés, ou sans cela vous et les vôtres auriez sans doute été perdus.

Ces paroles furent prononcées de manière à attirer un sourire sur les lèvres d’Adelheid, qui reçut cette accusation comme on reçoit un reproche amical. Elle offrit sa main au moine comme un gage de paix, et lui demanda de l’aider à se mettre en selle.

— Remarquez-vous ces animaux ? dit le signor Grimaldi en montrant les chiens qui étaient accroupis gravement devant la fenêtre du charnier, les naseaux ouverts et les yeux fixés sur l’entrée ; vos chiens du Saint-Bernard paraissent dressés de toute manière au service des hommes, morts ou vivants.

— Leur attitude tranquille et leur attention peuvent en effet justifier cette remarque. Avez-vous jamais remarqué ces signes dans Uberto ? reprit l’Augustin en s’adressant aux serviteurs du couvent ; car les actions de leurs chiens étaient une étude d’un grand intérêt pour tous ceux qui habitaient le Saint-Bernard.

— On m’a dit qu’un nouveau cadavre avait été déposé dans le charnier depuis la dernière fois que j’ai descendu la montagne, répondit Pierre qui arrangeait tranquillement la selle de la mule d’Adelheid. Le chien sait la mort, c’est là ce qui l’amena à la hutte hier au soir, Dieu en soit loué !